Il y a un sujet sur lequel on est actuellement sommés de se positionner : le port du voile dans le sport.
Cela fait suite à une proposition de loi pour interdire le port de signes religieux dans les compétitions sportives. Mais celle-ci date de février. Ce qui a relancé ce "débat" (en fait, il n'est visiblement pas possible, et même formellement interdit), c'est le contenu d'une réunion de recadrage sous l'égide du premier ministre :
Des positions aussi ancrées et à mon sens sclérosées, telles que décrites dans la suite de cet article du Monde, entre un Darmanin, un Retailleau ou une Bergé, sont pour moi le symptôme d'un nationalisme identitaire qui fait assimiler abusivement les sportifs de haut niveau avec des représentants de l’état français, ce qui n'est bien évidemment pas le cas. Mais Darmanin, lui, en est certain, en brandissant le pauvre argument selon lequel "le port du voile dans les compétitions sportives n’était pas une « tradition française ». Je ne savais pas que les shorts de running ou autres vêtements techniques de sport apparus ces dernières années en faisait davantage partie. Bref. On aura compris que ces gens campés sur leurs positions archaïques ont un ennemi et un seul : l'islam. L'impact des attentats terroristes islamistes n'est pas encore tout à fait intégré et dépassé, qui fait voir en tout signe même le plus infime un terroriste qui s'ignore. C'est là crassement ignorer que le port du voile peut comporter des motivations plus nuancées que d'arborer une religion. Et quand bien même...
Je doute en effet qu'un sportif qui porte une croix sera , si ce n'est davantage du moins tout autant stigmatisé, voire exclu d'une compétition qu'une sportive qui porte un voile. Et cela, ce deux poids deux mesures, m’insupporte au plus haut point.
Mais il y a plus grave encore. Quand on en arrive à légiférer sur un tel détail, qui ne concerne somme toute que quelques sportives parmi des milliers, il faut savoir raison garder. On force par là-même l'attention médiatique sur un point si particulier qu'il nuit à la hiérarchisation des priorités. Et l'on porte encore une fois de plus, une fois de trop, un agenda raciste et islamophobe dicté par la pire frange de notre société : l'extrême droite, qui se délecte du fait que l'on porte en haut lieu ses propres thématiques favorites, et cela à son plus grand bénéfice électoral. Voilà qui est indubitablement les renforcer et leur donner raison.
Mais puisqu'il s'agit de se forger une opinion, voilà la mienne : moi, franchement, le port du voile par des sportives, ici ou ailleurs, je m'en contrefous mais d'une force ! Il fallait
bien toutefois que j'accomplisse mon devoir militant d'édification des masses laborieuses. Voilà un sujet qui pourtant ne me concerne guère. Je ne suis
pas une femme, et je me trouverais fort malvenu d'imposer à une femme ce
qu'elle doit porter ou non comme vêtement. Cela porte un nom. Je vous laisse le deviner. Indice : il n'est pas franchement porteur de valeurs humanistes et de progressisme, mais plutôt d'un recroquevillement caricaturalement genré.
De plus,
la loi de 1905 comprenait un projet beaucoup plus ambitieux, qui
précisément avait été produit pour mettre fin aux incessantes guerres de
religions dans notre pays. Rappelons utilement que l'interdiction du port de signes religieux ne concernait exclusivement que les représentants de l'Etat, c'est à dire les fonctionnaires, qu'ils soient d'état ou territoriaux. ON craignait en effet alors une rupture du service dû aux administrés. Et voilà que ce gouvernement totalement
inconséquent en rallume une autre, de guerre des religions, comme si on en avait besoin, au pire moment de notre histoire vu le contexte un peu trop guerrier à mon goût, et de la pire
des façons qui soit.
J'ai bien conscience qu'au moment de l'adoption du
texte de 1905, le poids de l'islam n'était pas aussi important dans
notre pays. Mais dans ce cas, si l'on veut absolument légiférer, pourquoi ne pas plutôt enrichir
entièrement le texte de 1905 de ce nouvel élément ? Ce n'est pas ce que
fait ce gouvernement. Il désigne une fois de plus, une fois de trop, un ennemi intérieur. Et cela, je me devais de le combattre. Yen a marre. Vraiment.
Ménard, le maire d'extrême-droite de Béziers, se complait une nouvelle fois dans une affaire bien glauque qu'il tente de médiatiser, avec succès comme à son habitude, à l'aide de médias bien complaisants, hélas majoritairement acquis à sa cause bien dégueulasse. Le voilà qui tente de se victimiser, alors que le fond de l'histoire lui est pourtant quelque peu plus défavorable que son storytelling... du moins à la mesure de ma propre loupe personnelle : celle de convictions un tantinet plus humaniste. Ce n'est d'ailleurs pas bien difficile quand on connait le pédigrée bien chargé de cette
je n'aurai jamais de mots assez durs pour qualifier une telle ignoble idéologie, aussi inhumaniste.
Pourtant, alors que l'élu en question est à juste titre sommé de se présenter devant la justice, non pas pour sa xénophobie affirmée, mais pour avoir tout simplement enfreint la loi que lui moins que quiconque n'est sensé ignorer, puisqu'il n'a pas à tenir compte de la situation sur le territoire pour marier ou non un couple, le voilà qui se met à crier à l'injustice, imité en cela par toute la constellation bolloréenne acquis à son ignoble cause. Des chroniqueurs d'Hanouna dans TPMP aux médias dûment estampillés acquis par le grand argentier de la fachosphère, comme CNews, Europe 1, le JDD et autres croupions de la fachosphère.
Ce qui m'a particulièrement choqué, ce sont les propos d'une certaine chroniqueuse de TPMP, qui surfe sur la vague de la Saint Valentin (qui ne peut pas et ne pourra jamais être visiblement celui de la Saint Mustapha) pour défendre Ménard, alors que ce dernier met un plaisir non dénué de sadisme pour casser une histoire personnelle qui ne colle pas du tout avec l'affichage idéologique qu'entend lui donner l'élu d'extrême droite, ainsi qu'en témoigne ce témoignage de la principale intéressée, à qui on interdit de vivre pleinement son amour :
Les propos de cette jeune femme n'ont pas varié dans la durée. Elle avait déjà été interviewée par France 3 en 2024 et avait tenu exactement le même discours.
L'argument de l'irrégularité du séjour en France de son compagnon brandi par la droite ne tient pourtant plus puisqu'il a été expulsé en Algérie, comme cela a été évoqué plus tôt dans ce billet.
Pourtant, l'immonde Ménard continue de s'acharner sur ce couple, comme on le voit à la faveur des informations glanées ici et là. Aussi, chacun.e se forgera son opinion sur le lieu et la ou les personnes sur lesquelles une réelle injustice s'abat réellement. Pour ma part, mon opinion est faite. Et vous ?
Quand à Ménard, le procureur de Montpellier s'est également fait son opinion du comportement de l'élu d'extrême-droite, et a tranché ce matin :
On peut compter sur ses complices en haut lieu, Darmanin et Retailleau, qui partagent exactement les mêmes idées xénophobes et nationalistes, pour qu'il ne soit pas sanctionné trop durement... voire pas du tout. La suite au prochain épisode, je suis l'affaire de près ;)
Après le droit du sol que la droite si extrême représentée par Darmanin voudrait supprimer, le droit du sang, alors ? Voilà une orientation politique qui ne nous amène pas vraiment à davantage de modernité, tant elle apparait particulièrement moyenâgeuse...
Car ce pouvoir joue sur la méconnaissance des français de l'état du Droit sur le sujet. Il surfe dangereusement sur le cas de Mayotte, si spécifique, pour tenter de l'étendre à l’ensemble du pays, ce qui était à prévoir tant il est inféodé à l'idéologie lepéniste, comme l'ont si clairement démontré les propos de Bayrou nourris de la thèse complotiste (jamais démontrée rationnellement) d'une prétendue "submersion migratoire".
De plus, laisser courir l'idée que le droit du sol est une disposition systématique, c'est un procédé manipulatoire qui fait clairement lui aussi le jeu de l'extrême-droite, et c'est criminel. Car ce n'est pas la réalité. L’acquisition de la nationalité française est en effet soumise à de nombreuses conditions.
Le débat ne date pas d'hier, et si les médias jouaient correctement leur rôle, ils endosseraient un rôle un peu plus noble que celui qu'ils pervertissent aujourd'hui : celui de contre-pouvoir. Les politiques peuvent en effet tout dire et surtout n'importe quoi actuellement sans grande crainte d'être contredits par des "journalistes" un peu trop serviles et généralement acquis aux thèses du pouvoir dominants, tant ils sont si souvent issus des mêmes moules... Je leur en veux beaucoup, comme nombre de mes citoyens, mais pour des raisons probablement bien différentes. Ils ne font à mon sens qu'accompagner ce long glissement vers le fascisme qui vient, sans apporter de vision, de contre-critique aux discours dominants actuellement, dans lesquels la xénophobie et la flatterie des bas instincts sont si tragiquement présentes.
Aussi, dans ce cas, prétendre mettre en place un débat équilibré sur cette thèmatique, alors que nous vivons dans le règne de l'émotion plutôt que de la connaissance éclairée du sujet, voilà qui conduirait fort à donner les clés du pouvoir à l'extrême-droite et ses "idées" à deux balles, facilement compréhensibles par les invertébrés politiques et culturels qui votent pour eux.
Darmanin est donc un pyromane. Mais quoi de moins étonnant de la part de quelqu’un, tout comme son cousin consanguin qu'est Retailleau, partage les mêmes idées répugnantes et si peu humanistes ?
La suite de son propos est d'ailleurs assez édifiante quant à ses intentions, et sa vision du futur :
« Aujourd’hui, je serais favorable à ce que les Français puissent
trancher ce genre de question lors d’une élection présidentielle en 2027
ou lors d’un référendum qui serait décidé par le président de la
République », a-t-il dit.
S'il voulait proposer sa candidature pour un futur gouvernement d'extrême-droite, il ne s'y prendrait pas autrement. Agiter un hochet dont on sait à quel point il fait partie des totems de la fachosphère, cela ne peut guère s'interpréter autrement.
En tous cas, voilà une proposition non dénuée d'arrière-pensées qui ne nous plonge pas dans une franche modernité... Je dirais même qu'elle dessine un chemin qui tourne le dos au sens de l'Histoire. Mais pour considérer cela, encore faudrait-il s'être un tantinet penché sur la question sérieusement, loin des marivaudages de ces gens de Cour...
C'est donc acté. Les représentants du parquet, 2 procureurs de la République, ont donc réclamé une peine de 5 ans de prison dont 3 avec sursis ainsi que 300 000 euros d’amende pour la tenancière de ce bouge infâme qu'est le Rassemblement National :
Les faits sont suffisamment graves pour ceux qui les connaissent et de nature à justifier une telle sanction. Si seulement elle pouvait être effectivement appliquée ! Sa valeur m'apparaitrait particulièrement éducative pour les malfrats dont il s'agit, qui n'ont pas de mots assez durs quand il s'agit des autres, surtout s'ils sont étrangers ou si ce sont des gauchistes...
Pourtant, on ne compte plus les politiques qui s'émeuvent de ce traitement soi-disant spécifique qui serait fait à l'une des plus grandes dames (vraiment ?) de fRance, de Darmanin à Estrosi en passant par... Cette ordure internationale de Viktor Orban jamais en retard d'une Trumperie. Ces gens osent prétendre sans s'étrangler que cela porterait atteinte à la démocratie... Sérieusement ? Celle-ci n'est-t-elle pas davantage abîmée par le comportement de voyous en bande organisée qu'on eut ceux qui ont occupé ou couvert les emplois fictifs au Parlement Européen, et qui n'ont pas répugné à produire de faux documents, comme cela a été démontré pour Bardella ?
Non Monsieur Darmanin. Ce qui serait choquant, c'est qu'elle le soit encore, alors qu'elle porte la responsabilité d'une telle escroquerie, d'une telle fraude massive à l'argent public. Mais n'oublions pas toutefois qu'elle n'était pas la seule...
Les peines requises contre l'ensemble des prévenus du parti d'extrême-droite ont été récapitulées ici :
Alors, pour une fois, je ne peux qu'être d'accord avec une certaine... Marine Le Pen :
Pourtant, cette délinquante en col blanc n'a rien de plus pressé que de lancer une pétition... Ces gens n'ont vraiment honte de rien ! Jusqu'à se revendiquer de la défense de la démocratie (qu'ils abîmeraient encore plus aussitôt arrivés au pouvoir) qui plus est, mais quel toupet !
Que la justice fasse donc son travail, sans pression ni capitulation. Sans distinction de race ou de religion, de statut social ou politique, et la démocratie ne s'en portera que mieux.
Le moins que l'on puisse écrire, c'est que nous avons eu chaud. Si le spectre de l'extrême droite au pouvoir est écarté pour un temps (voir ici leur tronche en apprenant les résultats), il n'en demeure pas moins trop présent, et bien ancré sur tout le territoire, à un niveau particulièrement préoccupant. 143 députés pour le RN et ses alliés, ce n'est pas rien. Ils avaient été 89 à se faire élire lors des précédentes élections législatives de 2022, et c'est déjà beaucoup trop...
Le résultat du NFP est d'autant plus étonnant que le battage médiatique qui a consisté à le décrédibiliser par tous les moyens possibles et imaginables a atteint un niveau inadmissible. Les discours tendant à renvoyer dos à dos l'extrême droite et ce qui serait - selon certains malveillants - l'extrême-gauche, et pourquoi pas tant qu'on y est à tous nous amalgamer sous la caricature absurde de dangereux adeptes du Hamas antisémites et violents, sont allés bon train. Et j'en veux beaucoup à une certaine inertie médiatique, quand ce ne sont pas des médias militants d'extrême droite (comme le sont ceux sous influence de Bolloré), d'avoir contribué à cette légende urbaine selon laquelle le NFP serait aussi dangereux et raciste que le RN. C'est factuellement faux, et certains devront en rendre compte un jour. Leurs dossiers sont soigneusement archivés. Ainsi, une certaine Maud Brégeon qui ne répugne pas à prétendre qu'EELV serait un parti extrémiste. A un moment donné, même les guerres politiques ne permettent pas une telle outrance, qui ridiculise celui comme celle qui s'y commet. D'ailleurs, à propos de ceux que je nomme les Ni-ni, qui se complaisent dans un renvoi dos à dos du RN et du NFP, comme si c'était la même chose, je tiens à signaler ici le cas de deux candidates du parti de Macron, qui ont commis le tour de force de faire élire par leur maintien au troisième tour des candidats d'extrême droite sous ce principe : j'ai nommé Emilie CHANDLER dans la 1ère circonscription du Val d'Oise (qui a permis l'élection de cette candidate pas franchement dédiabolisé et pour cause). et Anne-Laure PETEL dans la 14ème circo. des Bouches du Rhône. Franchement, j'ai honte pour elles. Et les mêmes vont prétendre combattre les extrêmes ? On voit bien là que la honte ne les étouffe pas... Comme elle n'étouffe pas non plus l'un des artisans et clé de voûte de la propagande d'extrême droite, valet de pied de son altesse Bolloré : j'ai nommé Cyril HANOUNA, que la foule réunie à République a su rappeler à son bon souvenir, lui qui avait promis de quitter le pays si la gauche l'emportait. On attend ça avec impatience.
J'ai appris après coup, comme beaucoup, y compris chez les "propres" électeurs d'extrême droite, que le RN, au lieu de se ranger dans le même camp que les siens en Europe, celui de la première Ministre italienne, sympathisante du fascisme Melloni, a choisi de rejoindre le camp du grand propagateur d 'antisémitisme, de racisme, de complotisme et de mesures homophobes qu'est Viktor Orban, Premier ministre hongrois. Leur l'objectif : constituer une minorité de blocage au Parlement Européen. Si vous n'aimez pas l'Europe, arrêtez donc d'en dégoûter les autres ! Décidément, le RN est une escroquerie permanente. D'autant plus que leur stratégie pourrie était de ne pas l'annoncer avant ces élections pour ne pas risquer une accusation de trop grande proximité avec la Russie. C'est encore raté.
Pour clore provisoirement ce chapitre qui ouvre sur une période d'incertitude quant à la composition du futur gouvernement et de ses possibilités d'action, dans la mesure où le NFP, bien qu'en tête de cette élection, ne dispose que d'une majorité relative hélas, ce qui l'obligera à opérer des compromis sur son programme, je tiens à souligner la grande joie que me procure certaines défaites :
- celle de Meyer HABIB, qui a particulièrement pourri le débat politique avec ses outrances grossières, ses mensonges et ses propos aussi insupportables que son comportement.
- celle du clan Le Pen, en la personne de Marie-Caroline, belle-mère de Jordan Bardella.
- celle de Dupont-Aignan, pièce rajoutée du Rassemblement National qui en a joué systématiquement le faire valoir, jusqu'à se voir destiné par Marine Le Pen en personne un poste de ministre dans son gouvernement.
- Celle de Stanislas Guérini, porte-parole du gouvernement, battu par une candidate NFP d'EELV Léa Balage El Mariky.
- celle de l'insupportable Sarah El Haïry, qui a commis pour ignoble exploit de mettre sur le même plan les violences homophobes et les dégradations d'abribus, ou de faire fuir la plupart de ses collaborateurs, qui dénoncent un management toxique. (mais il ne faudrait pas lui jeter l'eau propre, n'est-ce pas... ;) (citation).
A contrario, on regrettera infiniment que Philippe POUTOU ait été battu et que Yaël Braun-Pivet (et bien d'autres toxiques) aient été élus, tant leur combat contre l'extrême droite laisse fortement à désirer, entre autres vilenies.
Personnellement, je me mets à la place par exemple de ceux qui ont dû voter pour Darmanin alors qu'ils étaient de gauche en saluant leur abnégation. Pour ma part, je n'aurais pas pu. Je vois mal en effet ce qui distingue un tel militant d'extrême droite d'un autre. Aussi, je suis fort satisfait qu'il ne soit plus ministre de l'intérieur. C'est toujours ça de gagné :)
Je suis d'une génération qui a connu la tragédie de la grotte d'Ouvéa, laquelle a marqué les mémoires de beaucoup d'entre nous dès qu'on parle de la Nouvelle Calédonie. Depuis, comme beaucoup j'imagine (1), je pensais et j'espérais qu'elle se dégagerait progressivement de la férule de la France. Mais je constate simplement aujourd'hui que du côté du pouvoir, il n'en est rien, et qu'il est en train de rompre avec tous les accords précédents devant mener à plus ou moins long terme à la décolonisation de ce territoire. Car tous les historiens et connaisseurs/ses de ce sujet s'accordent à confirmer que la manière forte n'est pas la bonne et ne le sera jamais sur ce territoire colonial, marqué par tant de révoltes populaires. Cette façon de faire a systématiquement mené dans le passé à des situations insurrectionnelles aux conséquences humaines désastreuses. L'actuelle rébellion n'échappe pas à la règle, et je suis intimement persuadé que l'on aurait pu éviter les 5 morts qui sont à déplorer à ce jour là-bas. Pourtant, malgré les avis unanimes, quel que soit le bord politique des observateurs de la vie publique qui les formule, le pouvoir macroniste n'a rien trouvé de mieux que d'agir de la pire des manières qui soit, sans tenir compte d'aucune alerte, pourtant fondée : ils tentent de passer en force une loi qui modifie significativement le processus électoral de la nouvelle Calédonie, sans aucune concertation avec les natifs, ce qui est une erreur historique. La preuve en est qu'elle est précisément à l'origine des émeutes que nous connaissons actuellement. Et le pire, c'est de savoir que Macron nous révèle en l'espèce une telle méconnaissance du sujet qu'il ose dresser un parallèle entre les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel avec ce qui se passe dans ce territoire d'Outre-mer, ce qui est totalement absurde. La main de Darmanin, que l'on sait peu enclin au dialogue autrement qu'à coups de matraques, ne suffit pas à expliquer les conséquences catastrophiques de l'entêtement gouvernemental, contrairement à ce que j'ai pu lire ici et là. Il faut bien qu'il soit soutenu par Macron lui-même, peu suspect lui non plus de préoccupations démocratiques...
Pour ma part, je tiens à affirmer haut et fort - même si tout le monde se fout de mon avis - que je me désolidarise totalement de ce que ce gouvernement au comportement si frontalement colonialiste commet en Nouvelle Calédonie. Le bon vieux temps des colonies est (ou devrait être, et quand on voit ce qu'on voit et qu'on entend ce qu'on entend.....) heureusement révolu !
Et je constate également que les mêmes qui s'indignaient de la coupure des réseaux sociaux pendant les printemps arabes, ou en Russie, ou en Chine, n'ont donc rien trouvé de mieux que de couper un réseau social visiblement prisé sur l'archipel (2). Et je devrais malgré tout applaudir des deux mains, alors que je n'ai pas de mots assez forts quand il s'agit d'un autre pays autocratique ? Après l'histoire de la suppression du droit du sol à Mayotte, cette reprise en main militariste d'un territoire que l'ONU lui-même qualifie de territoire à décoloniser, et l'utilisation abusive de la loi sur l'état d'urgence à des fins de répression politique tendant à maintenir un état colonial en Nouvelle -Calédonie, voila des signaux pas vraiment faibles qui seraient davantage à mettre sur le dos d'un gouvernement d'extrême-droite. N'est-ce pas ce que ce pouvoir là est en train de devenir, bien avant que le RN lui-même ne soit à la tête de l'Etat ? Quand on en arrive à légitimer jusqu'à la propagande et la désinformation, en mentant grossièrement, le fascisme n'est jamais loin. Je veux faire référence ici à une honteuse assignation à résidence de leaders kanaks, avec une déclaration de Darmanin proprement ignoble de cynisme droitier, qui consiste à les désigner comme un "groupe mafieux" et séditieux (un classique dans l'histoire de la colonisation à la française), alors qu'il est à présent acquis qu'ils ont tous appelé au calme, comme le démontre ce communiqué :
Comme l'explique factuellement ce communiqué, le gouvernement aurait voulu mettre de l'huile sur le feu en ne respectant pas des accords précédents qu'il ne s'y serait pas pris autrement.
(2) J'ai appris à l'instant que la LDH et la Quadrature du Net avait décidé d'entamer une action en justice contre cette décision liberticide sans précédents, et je m'en félicite très clairement.
(1) Hormis probablement les mêmes nostalgiques qui regrettent l'Algérie française et l'Indochine, situés très à droite de l'échiquier, auxquels semble se rallier actuellement les macronistes, dans une crise autoritaire sans précédents, sur ce thème là comme sur d'autres.
Ce que nous sommes nombreux à dénoncer depuis des années, cette lente mais progressive érosion de nos droits de manifester, de revendiquer, et de nous opposer aux forces antisociales de ce pays par une expression populaire légitime autrefois plus libre, est en train de prendre actuellement une tournure vertigineuse.
Jamais pouvoir en place n'aura violé à ce point nos droits les plus fondamentaux. On ne compte plus les entraves à la liberté d'expression, à celle de manifestation, aux droits des journalistes et à la protection de leurs sources. Les bavures policières n'en sont plus tant elles deviennent systémiques. Alors que le racisme et l'homophobie au sein des forces de l'ordre est une évidence, dénoncée y compris en interne par des agents qui l'ont payé de leur carrière, le bras droit armé de Macron va jusqu'à faire tenter de faire taire par la force de l'intimidation judiciaire un syndicaliste qui n'a eu pour seul tort que de s'en offusquer par écrit. Il devient interdit à présent de manifester le moindre signe de compassion pour les palestiniens sans se faire accuser aussitôt d'antisémitisme ou d'apologie du terrorisme, jusqu'à l'absurde.
Alors, quand je vois passer en effet ce rapport d'Amnesty International, décliné en plusieurs versions sur les réseaux sociaux, puis un communiqué de la LDH, oui, j'avoue, cela me fait du bien, de voir enfin montré du doigt ce qui doit impérativement l'être :
Droit du sol ou droit du sang ? Le gouvernement a choisi... le pire : Le droit d'être français si et uniquement si les parents sont français. L'article ne dit pas sur combien de générations, ni s'ils devront être blancs... Car cette décision est à mon sens (et je ne suis pas le seul je crois) teintée si ce n'est de racisme, tout au moins de xénophobie.
Je serais fortement surpris si le Conseil Constitutionnel, dont j'espère qu'il sera saisi, n'invalidait pas cette décision. Car elle créerait un dangereux précédent qui constituerait une rupture de traitement entre la métropole et les territoires d'Outre-mer. Cette idée dans tous les cas démontre à mes yeux la survivance d'un esprit colonialiste qui m'est insupportable. Mais que ce gouvernement glisse ses pas dans les pas de l'extrême droite, voilà qui à force d'une lente dérive permanente, depuis la loi contre l'immigration, n'étonnera plus grand monde hélas.
Nombre de français ne s'en offusqueront pas. Une certaine gauche molle fera mine de marquer sa désapprobation de manière un peu trop timide à mon gout.
Mais la plupart des humanistes, ceux pour qui cette décision est proprement insupportable, ne s'en indigneront pas seulement. Tout comme je le suis, ils/elles seront en colère et profondément révoltés. Car plus grande chose en effet ne sépare la droite macroniste de l'extrême droite, en bien des points. Et cela n'est pas très rassurant pour notre avenir ni pour celui de nos enfants à qui on aurait bien voulu laisser un monde meilleur, sur ce point là comme sur bien d 'autres.
Quand j'écrivais dans mon précédent article qu'une crise peut en cacher une autre, je ne pensais pas si bien dire... ou écrire. En effet, bien que j'étudie depuis maintenant de nombreuses années le traitement de l'information et comment elle est restituée sur les journaux télévisés aux heures de grande écoute, je suis toujours sidéré par ce phénomène assez édifiant qui consiste à se concentrer sur une information qui, bien que capitale, en chasse une autre qui était quelques heures auparavant tout aussi fondamentale que la précédente... Un cercle vicieux de l'immédiateté, relevant d'une logique de consommation d'information près mâchée et pré-digérée, duquel le journalisme ne parvient que trop rarement à s'extraire.
Avant ce billet sur la crise agricole, un antépénultième soubresaut n'en doutons pas (j'en ai connu tant, à mon âge, sans que le problème de fond, la prédation capitalistique, ne soit traité), je voulais parler cela va de soi, tant c'est un sujet crucial à mes yeux, de l'immonde loi dont l'inspiration est si clairement d'extrême-droite, et qui lui donne tristement raison, sur l'immigration. Le Pen peut exulter, on y reprend tous ses totems, brandis par elle et par son père comme par sa famille. Une caste.
Mais l'amnésie du monde de l'information n'a pas entamé ma mémoire (pourtant qualifiée comme celle d'un poisson rouge par mes proches dans la vie quotidienne). Je n'oublie pas les vilenies portées à nos valeurs communes, humanistes, et à l'esprit démocratique qui devrait pourtant prévaloir en toute décision publique. Nous en sommes bien loin. A propos de cette loi, aussitôt mal votée, aussitôt promulguée, jamais débattue en assemblée comme l'histoire l'a démontré, beaucoup se sont félicité de la décision du Conseil Constitutionnel qui rejette près de 40 % des articles.
L'examen du projet décrié est chaotique : il est repoussé une première fois en août 2022, après que le gouvernement a été privé de majorité absolue au parlement, puis ajourné en , au lendemain du vote de la loi sur les retraites, faute de majorité pour voter un tel texte. Il devient ensuite l'objet de négociations entre le gouvernement et Les Républicains, qui tentent de durcir le texte, et d'une surenchère de la droite unie au Rassemblement national, tandis que la NUPES est en retrait. Le projet de loi est relancé, dans une logique de surenchère sécuritaire, après l'attentat d'Arras en octobre 2023. Le texte proposé par le gouvernement est durci par les sénateurs, mais son examen est ensuite interrompu à l'Assemblée nationale par l'adoption d'une motion de rejet préalable. La commission mixte paritaire qui prend le relai valide l'essentiel du texte durci par le Sénat, essentiellement répressif. La droite et l'extrême droite sont victorieuses et la majorité se fracture après l'adoption du texte le . Le camp présidentiel défend le texte tout en espérant une censure partielle par le Conseil constitutionnel. Celui-ci remise en effet plus d'un tiers des articles, considérés comme des cavaliers législatifs:
les dispositions concernant les prestations sociales, le regroupement
familial, les titres étudiants, la délivrance du titre pour des motifs
de santé, la remise en question du droit du sol, le rétablissement du délit de séjour irrégulier, etc.
Le texte final, promulgué le ,
est plus fourni que celui proposé par le gouvernement mais conserve sa
structure initiale, avec un large volet sur les procédures d'expulsion,
une réforme de la procédure de demande d'asile, et, jusqu'à fin 2026, un
nouveau titre de séjour pour les travailleurs des métiers en tension.
Pour ma part, bien qu'en partie satisfait de ce que les dispositions les plus ignobles de ce texte aient été invalidées - d'ailleurs non pas pour des questions de fond, mais de forme -, je ne peux pas me joindre au concert qui a accompagné la publication de la décision du Conseil dit "des Sages".
Je ne suis pas du côté de ceux qui s'en félicitent, et considèrent que la page tournée (elle ne l'est pas, il y a maintenant dans ce pays une blessure, une cassure encore plus forte sur le sujet). Et encore moins du côté de ceux qui crient à l'imposture, au scandale, et pourquoi pas tant qu'on y est dans ce festival de n'importe quoi et de surenchère vindicative, au "Hold Up démocratique", alors que précisément, il me semble plutôt sain qu'il y ait au moins dans ce pays un minimum de vraisemblance de préservation de l'esprit si ce n'est démocratique, au moins de respect législatif et constitutionnel. Les gens qui ont répondu avec autant de virulence à cette décision (au point que même dans leur famille politique ils sont vilipendés) sont ceux qui précisément, arrivés au pouvoir, supprimerait le Conseil Constitutionnel pour faire passer les lois les plus anti-démocratiques qui soient. Des fascistes au sens strict du terme, qui ne s'embarrassent pas de considérations juridiques ou éthiques...
Cette loi, à présent, a été promulguée par un Président dont il est choquant de préciser qu'il s'est permis de le faire en toute désinvolture à plus de 7000 kilomètres de la France, préférant parader aux côtés d'un premier ministre indien nationaliste et raciste, impliqué dans plusieurs massacres de minorités ethniques ou religieuses.
J'ai été très choqué d'observer à quel point la majorité gouvernementale s’enorgueillissait, à l'issue des décisions du Conseil Constitutionnel, de ce que leur texte ait été selon eux conservé, à l'abri des rejets de ladite institution. Je ne sais même pas comment, à moins de partager le point de vue de l'extrême droite, on peut être fier d'un texte qui représente à mes yeux une régression sociale, un repli sur soi nationaliste, et qu'il est motivé par la xénophobie et l'idée que les "étrangers" seraient tous des dangers potentiels, ce qui ne saurait représenter la réalité objective.
Voici les dispositions retoquées par le Conseil Constitutionnel ;
Si j'en juge par l'analyse des associations bien mieux placées que moi pour juger le fonds de cette loi sur le registre juridique, et celles pour lesquelles j'ai le plus de respect en la matière, la décision du Conseil Constitutionnel est bien loin de favoriser une loi soi-disant équilibrée et porteuse d'une évolution positive, comme aimerait le faire croire les soutiens de Macron et sa bande :
la loi composée
des articles restant demeure malgré tout l’une des plus répressives
depuis 1945. La suppression des catégories protégées contre les
expulsions, l’extension sans précédent de la double peine, la fin de la
stabilité des titres de séjour, le creusement des inégalités dans les
territoires ultramarins, pour ne citer qu’elles, sont autant de mesures
profondément attentatoires aux droits fondamentaux des personnes, qui
stigmatisent, répriment, excluent et mettent en danger.
Cette séquence
politique autour de la loi immigration aura ainsi de graves
conséquences. Pour obtenir un accord avec la droite, sous les
applaudissements continus de l’extrême-droite, il apparaît que le
président de la République et le Gouvernement ont bien laissé sciemment
adopter des dispositions contraires à la Constitution, au droit européen
et international. Cela a donné à l’extrême-droite le champ libre pour
tour à tour revendiquer une « victoire idéologique » sur les mesures
adoptées ; avant de s’en prendre, après la décision du Conseil
Constitutionnel, aux garant·e·s de l’Etat de droit et aux
contre-pouvoirs que sont les syndicats, les associations et les
magistrat·e·s.
Les principales circonvolutions de cette loi, les apports et retraits d'articles entre les passages par l'Assemblée Nationale et le Sénat sont observables ici.
Voilà les dispositions contenues dans cette loi :
1/ Expulsion des délinquants étrangers
Le
texte permet d’expulser les étrangers en situation régulière en France
condamnés pour des crimes ou délits punis d’au moins trois ou cinq ans
d’emprisonnement, et qui constituent une "menace grave pour l’ordre
public".
Sont concernés : les étrangers arrivés sur le territoire
français avant 13 ans, ou résidant en France depuis plus de 20 ans, ou
mariés à une personne française, ou parent d’un enfant français.
Auparavant, ils ne pouvaient pas être expulsés sauf en cas "d’atteintes
aux intérêts fondamentaux de l’État" ou pour des "activités à caractère
terroriste".
Cette catégorie de personnes pourra désormais se voir notifier d’une Obligation de quitter le territoire français.
Cette
disposition est la mesure phrase du ministre de l’Intérieur. Depuis des
mois, il égraine quotidiennement sur sa page X (ex-Twitter) la liste
des étrangers délinquants expulsés du territoire français. Jeudi soir,
il a demandé aux préfets de se réunir au plus vite afin de "retrouver
les délinquants étrangers qui ne pouvaient pas être expulsés auparavant,
pour le faire immédiatement".
Gérald Darmanin veut ainsi dépasser le chiffre de 4 600 expulsions de délinquants effectuées en 2023 – une hausse de 30% par rapport à 2022.
2/ Régularisation des travailleurs sans-papiers
Avec
la nouvelle loi, les préfets peuvent régulariser "à titre exceptionnel"
les travailleurs sans-papiers employés dans les métiers en tension
(bâtiment, restauration, aide à la personne…). En clair, un travailleur
sans-papiers pourra demander ce titre de séjour sans l'aval de son
employeur, comme c’était le cas jusque-là.
Cette
régularisation prendra la forme d'un titre de séjour d'un an, délivré
au cas par cas, à condition d'avoir résidé en France pendant au moins
trois ans, exercé une activité salariée durant au moins 12 mois sur les
24 derniers, et présenter un casier judiciaire vierge. Les emplois
étudiants ou saisonniers sont exclus.
Cette "expérimentation" ne s'appliquera que jusqu'à fin 2026.
3/ Un juge contre trois à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA)
L’organisation
de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) est aussi réformée, dans
le but de traiter au plus vite les demandes d'asile qui ont été déboutés
devant l’Office français de protection des réfugiés et apatrides
(Ofpra).
La loi entérine la généralisation du juge unique - contre
trois actuellement, dont un juge assesseur nommé par le
Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR). Ainsi, la
formation collégiale ne sera saisie que "pour les affaires complexes".
Cette mesure faisait partie des revendications d'agents de la Cour, en grève en novembre dernier.
La mise en place d'un juge unique aura pour effet "d’impacter la
qualité des débats, des délibérés et des décisions", et portera "une
atteinte grave au droit des requérants", avait déploré à InfoMigrants
Sébastien Tüller, du syndicat Sipce.
La nouvelle loi déconcentre
par ailleurs la CNDA en créant des chambres territoriales, c'est à dire
des bureaux de la Cour en régions. Et des agents de l’Ofpra seront
déployés dans toute la France dans le cadre d’"espaces France Asile".
4/ Refus d’un titre de séjour en cas de non-respect des "principes de la République"
Un
étranger peut dorénavant se voir refuser un titre de séjour s'il
n’accepte pas de signer "un contrat d’engagement au respect des
principes de la République", dans lequel il s’engage à respecter "la
liberté personnelle, la liberté d’expression et de conscience, l’égalité
entre les femmes et les hommes, la dignité de la personne humaine, la
devise et les symboles de la République".
Un demandeur qui refuse
de signer ce contrat "ou dont le comportement manifeste qu’il n’en
respecte pas les obligations" ne pourra obtenir aucun document de
séjour.
5/ Maîtrise obligatoire de la langue française
Les
personnes qui demandent une première carte de séjour pluriannuelle
doivent désormais avoir une connaissance minimale de la langue française
(niveau A2). Avant la loi, ces étrangers devaient avoir suivi un
apprentissage du français dans le cadre du contrat d’intégration
républicain, sans obligation de résultat. Ce n’est plus le cas.
Pour
les étrangers demandant une carte de résident ou la naturalisation, le
niveau minimal de français est relevé (niveaux B1 et B2).
6/ Mineurs
Les
personnes de moins de 18 ans ne peuvent plus être placées en centre de
rétention administrative (CRA). Une mesure qui va dans le sens du droit
international. Ces dernières années la France a été condamnée une
dizaine de fois par la Cour européenne des droits de l’Homme pour avoir
enfermer des mineurs en CRA. Les adultes accompagnés de mineurs pourront
être assignés à résidence.
Les mineurs isolés étrangers placés à
l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et qui se voient délivrer une OQTF à
leur majorité sont désormais exclus du dispositif de protection de
l’enfance qui les protégeait jusqu'à 21 ans.
Le
texte permet aussi la création d’un fichier des mineurs étrangers
isolés suspectés d’être des délinquants : il prévoit le recueil des
empreintes digitales ainsi qu’une photo des mineurs étrangers isolés
sans que leur consentement soit nécessaire.
7/ Délivrance des visas
La nouvelle loi conditionne la remise de visas à la bonne délivrance des laissez-passer consulaires par les États étrangers.
Ces
documents, peu voire pas du tout délivrés par certains pays ( notamment
le Maghreb), permettent aux autorités françaises de renvoyer un migrant
en situation irrégulière dans son pays d’origine. Sans ce document, la
mesure d’expulsion ne peut être appliquée.
8/ Protection des victimes des marchands de sommeil
Les
sans-papiers victimes des marchands de sommeil qui portent plainte
peuvent bénéficier d’un titre de séjour d’un an renouvelable pendant
toute la durée de la procédure judiciaire.
Il y aurait de quoi écrire un roman pour chacune de ses dispositions scélérates si je m'y appliquais. Si pour seul exemple on demandait aux français de maîtriser au niveau A2 (contre B2 et B1 auparavant, voir ici pour les détails) j'en connais plus d'un parmi certains militants nationalistes au front bas qui se verraient déchoir de leur nationalité...
Quitte à choquer le bien-pensant, dont la réflexion (ou plutôt son manque) est si bien formatée par le prêt à penser que sont les informations des principaux médias, je refuse de céder à l’injonction collective actuelle de la solidarité avec les agriculteurs, assortie qui plus est d'un appel au grand élan patriotique. Très peu pour moi : je suis athée, de cette religion de la Nation là aussi. A titre personnel, je ne défendrai certainement pas indistinctement un mouvement de révolte aux fondements certes respectables (le droit de vivre dignement de son travail), mais dont les acteurs sont aussi hétérogènes, pour ne pas dire hétéroclites.
Qu'y a t-il en effet de commun entre un agriculteur d'une petite exploitation laitière ou céréalière qui se voit contraint pour survivre de demander en baissant les yeux le RSA parce qu'il a tenté une autre céréale prometteuse et que depuis trois ans il ne dégage pas assez de revenus pour en vivre, et un agro-industriel qui représente la FNSEA, ce syndicat capitaliste de droite qui a accompagné tous les gouvernements dans leur logique purement productiviste et prédatrice jusqu'à la situation catastrophique dans laquelle se retrouve les petits agriculteurs aujourd'hui ? Qu'y a t-il de commun entre les petits paysans qui tentent de concilier rentabilité de leur production pour en retirer un revenu décent et respect des préoccupations environnementales, et agro-industriel productiviste à tout prix, quel qu'en soit le coût pour la terre qui le fait plus ou moins bien vivre, à coût de fertilisants et d'insecticides tellement toxiques que certains de ces travailleurs de la terre se suicident eux mêmes à petit feu en les utilisant, avec un coût certain pour leur santé personnelle ? Autant je pourrais me sentir proche et tout à fait solidaire d'un membre de la Confédération paysanne, autant je ne le serai jamais d'un autre de la Coordination Rurale. Je vous laisse chercher ce qui les oppose...Et puis, quelle considération pourrais-je avoir par ailleurs pour certains esclavagistes qui ne répugnent pas à exploiter de manière indigne des travailleurs étrangers en les hébergeant dans des conditions inacceptables et en les payant plus bas que terre ? Il y a paysan et paysan, agriculteur et agriculteur, ne vous en déplaise, Frustration mag. Je suis encore antifasciste, et ne me mélangerai JAMAIS avec un militant d'extrême-droite, qu'il soit agriculteur ou pas.
(On peut d'ailleurs signaler utilement à ce sujet ici que des militants fascistes ont profité de la mobilisation des agriculteurs pour s'immiscer dans leurs rangs afin de répandre leur habituelle soupe malodorante, en tentant d'intimider les journalistes qui s'y aventuraient...).
Ensuite, je voudrais évoquer la manière dont est gérée ce conflit par le gouvernement. Le dessin qui illustre ce billet est tout à fait évocateur de ce que je veux exprimer à présent. Nous sommes donc dans un pays où le sentiment démocratique est aujourd'hui réduit à sa plus basse, à sa plus médiocre expression. Cette crise des agriculteurs aura eu le mérite de démontrer factuellement, à l'aide de nombreux exemples irréfutables, que Darmanin a inauguré l'ère de l'arbitraire judiciaire absolu, inédit depuis la révolution française, caractéristique des régimes autoritaires pouvant aller potentiellement jusqu'au fascisme.
Selon son seul droit de regard, voilà quelqu'un dont il ne dépend que de lui et de lui seul (ou du positionnement idéologique qu'il incarne, fait de sympathies politiques ou de calculs électoralistes) qu'on condamne à de la prison ferme quelqu’un qui vole pour se nourrir, que l'on arrête arbitrairement tel ou tel militant écologiste (contre les nombreux projets écocides existants comme les méga-bassines pour seul exemple insupportable), ou humaniste (contre la réforme inique des retraites ou contre la Loi d'extrême droite sur l'immigration par exemple) pour la seule raison qu'il participe à une manifestation, sans même prendre la peine du prétexte facile de la violence, mais que l'on ferme outrageusement les yeux sur l'explosion, dans la nuit du jeudi 18 au vendredi 19 janvier, qui a soufflé le bâtiment de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal)de l'Aude, à Carcassonne. Aucune condamnation publique non plus des incendies volontaires d'une MSA à Narbonne ou d'un centre des douanes à Nîmes hier.
Un deux poids deux mesures particulièrement choquant pour tous ceux qui ont subi ces dernières années des actes insensés de violences policières pour moins que cela... On ne peut pas prétendre que le mouvement agricole n'exerce aucune violence et évoquer comme le fait de manière aussi désinvolte le Ministre de l'Intérieur un soi-disant éco-terrorisme en désignant des militant.e.s qui ne font que tenter de préserver ce qui peut encore l'être par des moyens essentiellement pacifiques et symboliques. Jamais je ne tracerai un signe égal entre une explosion dans un centre administratif et la projection de peinture lavable à l'eau sur les vitres d'un bâtiment quel qu'il soit. Les notions de "justice de classe" et de "justice aux ordres" sont en train de prendre actuellement leur pleine dimension. Et l'équilibre démocratique commence sérieusement à être particulièrement déséquilibré. Faut que ça cesse. Le malaise est palpable.
J'en terminerai par le (non) discours d'Attal hier, dont tous les médias aux ordres ont prétendu un peu hâtivement qu'il était à la hauteur, et de nature à désamorcer le conflit. Je m'interroge fortement sur les motivations d'un certain petit agriculteur coqueluche des médias qui a baissé un peu vite son pantalon, trop vite pour que je ne puisse pas le suspecter de sympathie avec l'ennemi... Que représente-t-il à part lui-même, celui qui à peine après avoir écouté religieusement ledit premier ministre - un peu pathétique avec ses souliers vernis et son petit costume cravaté dans une cour de ferme devant une botte de paille - a sans même avoir consulté sa base déclaré aussitôt qu'il levait le camp ? ça sent un peu la collaboration... Car Rien dans ce qui est annoncé n'est de nature à garantir dans les mois qui viennent un revenu décent pour chaque agriculteur, hormis ceux considérés à tort comme tels qui tireront toujours leurs marrons du feu. Car le fonds du problème n'est toujours pas traité. Rien ne cible frontalement les responsables de cette situation : l'industrie agroalimentaire et la grande distribution qui se gavent sur le dos des véritables producteurs de notre alimentation.