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Je suis d'une génération qui a connu la tragédie de la grotte d'Ouvéa, laquelle a marqué les mémoires de beaucoup d'entre nous dès qu'on parle de la Nouvelle Calédonie. Depuis, comme beaucoup j'imagine (1), je pensais et j'espérais qu'elle se dégagerait progressivement de la férule de la France. Mais je constate simplement aujourd'hui que du côté du pouvoir, il n'en est rien, et qu'il est en train de rompre avec tous les accords précédents devant mener à plus ou moins long terme à la décolonisation de ce territoire. Car tous les historiens et connaisseurs/ses de ce sujet s'accordent à confirmer que la manière forte n'est pas la bonne et ne le sera jamais sur ce territoire colonial, marqué par tant de révoltes populaires. Cette façon de faire a systématiquement mené dans le passé à des situations insurrectionnelles aux conséquences humaines désastreuses. L'actuelle rébellion n'échappe pas à la règle, et je suis intimement persuadé que l'on aurait pu éviter les 5 morts qui sont à déplorer à ce jour là-bas. Pourtant, malgré les avis unanimes, quel que soit le bord politique des observateurs de la vie publique qui les formule, le pouvoir macroniste n'a rien trouvé de mieux que d'agir de la pire des manières qui soit, sans tenir compte d'aucune alerte, pourtant fondée : ils tentent de passer en force une loi qui modifie significativement le processus électoral de la nouvelle Calédonie, sans aucune concertation avec les natifs, ce qui est une erreur historique. La preuve en est qu'elle est précisément à l'origine des émeutes que nous connaissons actuellement. Et le pire, c'est de savoir que Macron nous révèle en l'espèce une telle méconnaissance du sujet qu'il ose dresser un parallèle entre les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel avec ce qui se passe dans ce territoire d'Outre-mer, ce qui est totalement absurde. La main de Darmanin, que l'on sait peu enclin au dialogue autrement qu'à coups de matraques, ne suffit pas à expliquer les conséquences catastrophiques de l'entêtement gouvernemental, contrairement à ce que j'ai pu lire ici et là. Il faut bien qu'il soit soutenu par Macron lui-même, peu suspect lui non plus de préoccupations démocratiques...
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Pour ma part, je tiens à affirmer haut et fort - même si tout le monde se fout de mon avis - que je me désolidarise totalement de ce que ce gouvernement au comportement si frontalement colonialiste commet en Nouvelle Calédonie. Le bon vieux temps des colonies est (ou devrait être, et quand on voit ce qu'on voit et qu'on entend ce qu'on entend.....) heureusement révolu !
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Et je constate également que les mêmes qui s'indignaient de la coupure des réseaux sociaux pendant les printemps arabes, ou en Russie, ou en Chine, n'ont donc rien trouvé de mieux que de couper un réseau social visiblement prisé sur l'archipel (2). Et je devrais malgré tout applaudir des deux mains, alors que je n'ai pas de mots assez forts quand il s'agit d'un autre pays autocratique ? Après l'histoire de la suppression du droit du sol à Mayotte, cette reprise en main militariste d'un territoire que l'ONU lui-même qualifie de territoire à décoloniser, et l'utilisation abusive de la loi sur l'état d'urgence à des fins de répression politique tendant à maintenir un état colonial en Nouvelle -Calédonie, voila des signaux pas vraiment faibles qui seraient davantage à mettre sur le dos d'un gouvernement d'extrême-droite. N'est-ce pas ce que ce pouvoir là est en train de devenir, bien avant que le RN lui-même ne soit à la tête de l'Etat ? Quand on en arrive à légitimer jusqu'à la propagande et la désinformation, en mentant grossièrement, le fascisme n'est jamais loin. Je veux faire référence ici à une honteuse assignation à résidence de leaders kanaks, avec une déclaration de Darmanin proprement ignoble de cynisme droitier, qui consiste à les désigner comme un "groupe mafieux" et séditieux (un classique dans l'histoire de la colonisation à la française), alors qu'il est à présent acquis qu'ils ont tous appelé au calme, comme le démontre ce communiqué :
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Comme l'explique factuellement ce communiqué, le gouvernement aurait voulu mettre de l'huile sur le feu en ne respectant pas des accords précédents qu'il ne s'y serait pas pris autrement.
(2) J'ai appris à l'instant que la LDH et la Quadrature du Net avait décidé d'entamer une action en justice contre cette décision liberticide sans précédents, et je m'en félicite très clairement.
(1) Hormis probablement les mêmes nostalgiques qui regrettent l'Algérie française et l'Indochine, situés très à droite de l'échiquier, auxquels semble se rallier actuellement les macronistes, dans une crise autoritaire sans précédents, sur ce thème là comme sur d'autres.
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