Mais passé le plaisir qui est le mien de voir ces ordures politiques inquiètes (et enfin sérieusement inquiétées par la justice, ce qui est on ne peut plus légitime), il faut bien revenir à la raison, dépasser l'émotion... Et sur ce terrain là, se demander si cette menace a des chances de se réaliser. Alors on glane quelques indices sur le chemin pour s'approcher de sa vérité sur le sujet. Se forger une opinion, c'est de ce chemin logique là dont il s'agit à présent.
Certains ont donc scruté avec la même fébrilité, mais encore plus accrue, à l'occasion d'une décision du Conseil Constitutionnel qui, curieux hasard du calendrier judiciaire, tombait fort à propos pour se faire une idée des chances pour Marine Le Pen (et de la malchance pour ceux qui s'opposent à ses idées) de pouvoir se présenter aux prochaines élections présidentielles. Un élu mahorais a en effet cru bon de poser une QPC (Question Prioritaire de Constitutionnalité, voir ici). Mais le Conseil Constitutionnel s'est contenté de répondre de manière stricte et contextualisée à la question posée. Il s'agissait en effet d'un élu local, et l'impact est plus mesuré. La sentence est donc compréhensible, qui évoque le statut de cette personne. Et on ne peut pas dire qu'un conseiller municipal et le destin que se rêve Marine Le Pen soient vraiment comparables...
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Dans cette décision, en effet, l'extrait qui suit m'est apparu particulièrement important et de bon sens, en regard à la comparaison à laquelle les bas du front national ont cru bon de s'inspirer :
" il revient alors au juge, dans sa décision, d’apprécier le caractère proportionné de l’atteinte que cette mesure est susceptible de porter à l’exercice d’un mandat en cours et à la préservation de la liberté de l’électeur."
Il me semble évident, malgré mon peu de connaissances des arcanes judiciaires, que pour ce qui concerne Marine Le Pen, l'impact ne sera pas tout à fait le même...
Je suppose fortement que le RN compte sur la désignation par un ami (sic) de Richard FERRAND pour arranger leurs petites affaires, en retour de leur service rendu. Ils se sont en effet abstenus avec beaucoup de bienveillance à son égard au moment du vote des députés.
Mais le suspense demeure entier. Certes, les réquisitions du procès de Novembre dernier vont dans le sens d'un risque réel d'inéligibilité. Il faut dire, comme je l'écrivais sur mon blog précédent où j'ai suivi de près l'affaire des emplois fictifs au parlement européen, que le préjudice est conséquent, et quand on connait de dossier, relève à mon sens d'un détournement de fonds en bande organisée. Le RN s'est révélé dans cette affaire comme agissant en véritable mafia. Les juges ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. Il est clairement apparu ce qui suit :
entre 2004 et 2016, un « système de détournement » de l’argent versé par l’Union européenne (UE) destiné à l’embauche de collaborateurs parlementaires, afin de financer les activités politiques du parti d’extrême droite. Un préjudice estimé à près de 7 millions d’euros par le Parlement européen.
[...] Dans leur réquisitoire, les procureurs ont réclamé cinq ans de prison à l’encontre de Marine Le Pen, dont deux ans de prison ferme aménageables, cinq ans d’inéligibilité, ainsi que 300 000 euros d’amende. L’accusation a demandé que la peine d’inéligibilité soit assortie d’une exécution provisoire, ce qui signifie qu’elle s’appliquerait immédiatement en cas de condamnation, y compris en cas d’appel.
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