Suite à mon billet d'hier soir sur les annonces de Bayrou, pour des économies qui ne concernent que les pauvres et pas les riches, je tenais à revenir sur un aspect plus "stratégique" de son discours. Mais une stratégie à la petite semaine. On nous prend vraiment pour des cons. Les commentaires que je lis aujourd'hui ici et là sur les réseaux sociaux, ou pour réagir aux articles consacrés à ce sujet, le claironnent à qui veut l'entendre, et je ne peux qu'être d'accord avec ça. Bayrou a fait un discours pour faire porter l'échec des politiques budgétaires des 3 derniers mandats sur les plus humbles, alors que ce sont les plus riches qui ont creusé cette dette, tout économiste sérieux peut vous le démontrer en seulement quelques minutes, chiffres à l'appui. Il suffit d'agiter le spectre bien connu des cadeaux faits aux entreprises sans contrepartie pour assoir cette affirmation. Et j'enrage du fait que les responsables de cette dette, qui sont connus, ont des noms et des visages, ne porteront jamais leur responsabilité. Ils devraient être traduits en justice pour leurs méfaits. Car contrairement à ce que l'on peut penser en milieu autorisé, c'est à dire purement acquis aux thèses libérales prédatrices, ce ne sont pas les dépenses sociales, mais les cadeaux fiscaux qui sont à l'origine de ce trou béant. On ne peut plus accuser la fonction publique : elle est à l'os. Il suffit de connaitre de l'intérieur la fonction publique d'Etat et ses différents corps, la fonction publique hospitalière, ou la fonction publique territoriale, pour se rendre compte de l'ampleur du désastre. Beaucoup travaillent avec des moyens de fortune, jusqu'aux flics qui viennent au boulot avec leur propre ordinateur personnel, tant le matériel est vétuste. Mais je ne les pleurerai pas. En ce moment, on leur déroule un tapis rouge parce que le gouvernement ne tient plus que par eux, qui ne supporte aucune contradiction. Je pleurerais bien plus volontiers pour nos hôpitaux et nos maisons de retraite... Le scandale est permanent. Et pendant ce temps là, les riches ne se sont jamais autant engraissés, les cadeaux aux entreprises n'ont jamais connu une telle masse financière monstrueuse et indécente. Or, le Budget de Bayrou ne s'attaque toujours pas à cette manne. On se demande bien pourquoi.... Ou pas : ce sont aux intérêts de leurs "propres" amis que l'on s'attaquerait là. Insupportable pour la Macronie, cette idée. Mieux vaut s'en prendre aux pauvres, car comme le dit la légende, ils n'ont pas beaucoup d'argent, mais ils sont plus nombreux. Et voilà le tour de passe-passe en train de réussir sous nos yeux sidérés...
Mais la "stratégie" en question de Bayrou ne réside pas là. Elle est aussi et surtout dans le fait d'agiter un chiffon rouge, celui des 2 jours fériés supprimés, pour que les grenouilles qui sucent les médias sans grand recul sautent dessus sans réfléchir. Car nous sommes nombreux à penser qu'il suffira que Bayrou, (en loussedé comme toujours), profite de l'été pour recevoir en coulisse son parti préféré, avec laquelle il a l'habitude de négocier un peu trop systématiquement, et lui concède un ou deux petits détails de l'histoire, pour que la réforme passe à la rentrée. Je suis près à parier gros sur le fait que le RN ne procèdera pas à la moindre censure, bien qu'il joue les gros bras pour tenter de nous faire gober l'illusion d'une opposition ferme et sans concession, qui ne résiste pas à l'analyse de leurs dernières capitulations. Une constante. Tout passe grâce au RN, y compris le pire, comme la loi Duplomb.
Sauf qu'il y a un petit hiatus, une fausse note dans ce refrain là : il est un peu trop connu depuis la dissolution, et nous savons tous fort bien que Bayrou ne tient qu'avec le consentement implicite de l'extrême-droite.
Alors, Bayrou, arrête de nous prendre pour des pigeons. Personne n'est dupe, sauf ceux dont le jeu arrange les petits intérêts de pouvoir et matériels. C'est à dire pas nous, le commun des mortels.
Post-scriptum : stratégie confirmée, dans le Canard d'aujourd'hui :
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