Aujourd'hui est un jour qui n'a rien d'historique. Cette élection risque fort en effet de passer sous les radars, par manque de visibilité médiatique. Pourtant, près de 40 000 électeurs potentiels vont pouvoir voter l'orientation de leur parti, le PS, à l'occasion de son 81ème congrès. Celui-ci devra départager l'actuel secrétaire général du PS, Olivier Faure, qui se représente, de Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, et du 3ème prétendant au trône, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol.
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source (on notera au passage la mine réjouie de ces militants "socialistes" qui "participent" au naufrage) |
Ce n’est vraiment pas un événement. Seulement l'énième épisode d’une série médiocre qui nous refera, encore et encore, le coup de la trahison des sociaux-traîtres, comme on en a tristement l'habitude quand on a mon âge. Eux appellent ça “redonner une ligne à la gauche”... Mais en réalité, il s'agit juste de la pantomime de trois cadres petit format, qui se battent pour leur propre survie en tentant de récupérer la direction d’un parti qui ne signifie plus grand chose, tant leurs convictions sont bien faibles pour espérer changer le monde.
D’un côté, on a Olivier Faure, qui joue au funambule sur une corde pourrie. Officiellement "ouvert à la gauche radicale", officieusement obsédé par sa propre survie politique. Ce type, en 2019, disait encore qu’il fallait « regarder du côté de Macron pour les convergences progressistes »… avant de s’allier à LFI quand il a senti le vent tourner, et que cela pouvait permettre d'assurer la survie de son parti devenu groupusculaire. Certes, il a été l’artisan de la NUPES, c’est vrai. Mais avec l’enthousiasme d’un gars qu’on pousse sur la scène à grands coups de pied au cul. Révolutionnaire de pacotille, et manager de l’effacement.
Ensuite, Boris Vallaud... Comment dire... Le genre de mec qui a toujours l’air de sortir d’un dîner de préfecture de province. Il a été secrétaire général adjoint de l’Élysée sous Hollande. Oui, vous avez bien lu : le quinquennat du CICE, de la loi Travail, et du 49.3, c’est lui aussi. Il a même défendu le discours de politique générale de Valls, à l’époque où le PS envoyait les CRS contre les syndicalistes, c'est dire assez de son niveau de gauchitude. Aujourd’hui, il se repeint bien sûr en “homme du rassemblement”, mais il est surtout l’incarnation de la tiédeur centriste, de ceux qui trouvent que Darmanin est "républicain" tant qu’il ne hurle pas trop fort près de ses oreilles.
J'ai gardé le "meilleur" pour la fin : Nicolas Mayer-Rossignol, le plus jeune et le plus intrigant des trois, certes, mais peut-être le plus sournois. Maire de Rouen, il a planté les activistes locaux qui protestaient contre l’urbanisation à outrance de sa ville. En 2022, il s’opposait à la NUPES, prétextant qu’il ne voulait pas “brader les valeurs du PS”. Traduction : il préférait perdre que de gagner avec LFI. C’est lui qui, pendant l’affaire Lubrizol (explosion du site Seveso à Rouen, nuage toxique, absence totale de transparence médiatique), s’est contenté d’un communiqué flou et d’un silence gêné, alors que les habitant·es s’étouffaient dans leur ville. Pour un maire "de gauche", on a connu plus courageux.
Voilà nos trois candidats. Un équilibriste sans colonne, un haut-fonctionnaire recyclé, et un techno-écologiste en carton. Aucun n’a la moindre légitimité populaire, aucun n’a de vision pour les classes laborieuses, aucun ne se mouille dans les luttes. Tous parlent d’union de la gauche sans jamais s’adresser aux vrais acteurs du terrain. Ils préfèrent gérer leur boutique comme une start-up qui cherche son prochain financement médiatique.
Mais tout ça n'est pas une surprise pour moi.
Mais il ne faudrait pas croire que nous sommes condamnés à l’amnésie, ou à l’abstention.
C’est là que ça se passe. Là où on organise des plannings de désobéissance, pas des réunions de synthèse. Là où on construit, malgré tout, une culture de résistance, d’entraide, de soins collectifs.
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