... Ou "Quand la parodie est plus vraisemblable que la réalité "
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Le site parodique imagine donc ici un Bayrou qui prononce ce qui pourrait apparaitre à priori incongru ou absurde. Pourtant, il y a toujours dans les parodies un soupçon de vérité, ce qui les rend précisément encore plus troublantes... L'individu en question, par exemple, passe en effet son temps à tout minimiser.... ET notamment ses responsabilités dans l'affaire de Bétharam, malgré les charges qui pèsent contre lui. N'est-il pas allé, comble de sa pantalonnade, jusqu'à prétendre qu'il avait en sa possession des documents qui démontraient que tout ce dont on l'accusait sur le sujet était faux, et ne s'est-il pas ensuite déballonné en prétendant qu'il avait déposé ses documents sur son site, Bayrou.fr, qui avait été piraté par des hackeurs russes ? Comme dit l'autre, plus c'est gros, plus ça passe.... Bref. Un peu de sérieux ne saurait nuire. Voici la réalité :
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Face aux révélations de Mediapart (février 2025), Bayrou a nié toute connaissance des violences à Bétharram en 1996, alors qu’il était ministre et élu local
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Interrogé devant l’Assemblée nationale, il a affirmé n’avoir jamais entendu parler de sévices, tout en se disant prêt à porter plainte pour diffamation
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Il a tenté de renvoyer la balle sur les juges et gendarmes, suggérant qu’ils pouvaient se tromper « comme les autres »... (sources : fiches Bayrou et Affaire Bétharam de Wikipédia mon ami).
Cet arsenal rhétorique — déni catégorique, recours à une pseudo " prudence institutionnelle", insinuation que les professionnels de l'enquête « se trompent » — recoupe étrangement les ressorts satiriques de la parodie, qui la rendent si proche du réel. Le ton distant, le flou volontaire, le renvoi de la responsabilité vers autres sont du même acabit. Je dirai même que Le Gorafi, que je fréquente depuis longtemps, y met souvent davantage de talent.
Les faits réels qui donnent un sens à la satire
Les alertes de 1996
Mediapart nous révèle que Bayrou a été informé dès 1996 par une enseignante et une infirmière des violences physiques à Bétharram. Pourtant, il qualifie ensuite ces révélations d’« abus banals vécus par de nombreux Béarnais », un registre étonnamment décalé - et proprement indécent au point de me choquer profondément - au regard de la gravité des faits.
Intervention directe auprès du procureur
En 1998, Bayrou a rencontré des magistrats impliqués, selon un ancien juge. Il a lui-même admis s’être entretenu avec le procureur général, avant de balayer tout soupçon d’ingérence. Pourtant, sa fille elle-même le maintient...
Une posture martelée en public
Lors des questions au gouvernement, il affirme n’avoir jamais eu connaissance de la nature des violences commises à Bétharam, et a tenté de se dédouaner assez minablement en parlant des « alertes écrites adressées à Élisabeth Guigou » — tout en minimisant ses propres connaissances et actions personnelles dans cette affaire qui le touche de très près, vraiment, et on ne peut plus : ses enfants n'étaient -ils pas eux mêmes scolarisés dans cet établissement ?
La frontière entre réalité et caricature
Ce à quoi je veux en arriver, c'est que la parodie du Gorafi fonctionne parce qu’elle pousse à l’extrême ce que le discours réel de Bayrou contenait déjà :
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Une négation forte, répétée, du moindre lien avec les violences de Bétharam
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Une rhétorique de prudence institutionnelle ( « je ne sais pas », « je n’en ai pas connaissance »...).
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Une posture défensive, parfois arrogante, demandant qu’on fasse confiance aux juges ou aux enquêteurs, puis en les dénigrant peu après quant leur version ne correspond pas à sa storytelling.
Ces stratégies — déni, prudence, renvoi — constituent autant d’outils rhétoriques partagés entre la satire et la communication politique. La parodie devient presque un miroir grossissant du discours originel.
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Réalisme de la posture : de nombreux dirigeants recourent à un déni ferme, floutant fermement leur responsabilité.
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Ampleur des médias concernés : Bayrou est intervenu devant l’Assemblée nationale, auprès du procureur, à la presse… ses discours sont donc vérifiables.
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Ambiguïté calculée : appeler à la confiance dans les institutions tout en esquivant les faits réels permet de créer un flou protecteur — un terreau fertile pour la satire.
Conclusion
La parodie du Gorafi ne plonge pas dans le vertige de l'absurde pur : elle reprend, ajuste et amplifie un discours politique existant, un mécanisme de communication déjà utilisé par Bayrou. Ce mélange de déni clair, d’appel aux institutions et de prudence calculée rend la caricature à peine exagérée.
Ainsi, si l’on juge la parodie à l’aune des déclarations réelles : elle n’est pas seulement drôle, elle est presque documentaire. Le filtre reste satirique, bien sûr, mais la matière première est bien la posture – souvent répétitive – d’un homme politique en défense. Et c’est ce qui la rend si troublante : on y croit, parce que c’est déjà arrivé.
Quel rapport me direz vous entre Bétharam et la Palestine, outre les fondements des ressorts parodiques ? La France n'a-t-elle pas prétendu défendre la reconnaissance de la Palestine dans le cadre de la "solution à deux états" pour résorber le conflit israélo-palestinien dans un premier temps ? Puis n'a -t-elle pas prétendu qu'elle ne souhaitait pas le faire seule (alors que 74 % des 193 États membres de l'Organisation des Nations unies plus le Vatican l'ont reconnu) avant finalement de se rétracter entièrement, au risque de présenter sa politique extérieure sur le sujet comme totalement illisible et inexistante ? Posez donc la question à une IA, tiens, pour voir si j'affabule... Qu'on rigole 5 minutes ;).
Aussi, il est tout aussi vrai dans une chaîne de causalités qui m'appartient (à moi seul ?) que, puisque Bayrou n'était pas au courant des violences à Bétharam, que la Palestine n'existe pas.
D'ailleurs, sans même verser dans la parodie, au sens le plus basique du terme et non au troisième ou quatrième degré, on voit bien à quel point nos élites dirigeantes ne souhaitent pas qu'elle existe, contrairement à une masse de français absolument pas négligeable si j'en juge par l'ampleur des protestations liées à ce que j'évoquais hier.
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