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Désert médical... ou libéralisme prédateur des médecins ?

Cela fait bien longtemps que ce sujet m'interpelle quelque part au niveau de mon vécu. Aussi, en voyant cet article, la curiosité m'a poussé à y voir de plus près.

source et suite ici

Le sujet est à mon sens éminemment politique, mais aussi social, cela va de soi. Il nous concerne tous. Qui n'a pas été confronté à la difficulté de trouver un médecin généraliste en cas de déménagement, ou lors du départ à la retraite de celui qui nous avait suivi parfois pendant de nombreuses années et qui nous connaissait si bien ? 

On le sait bien, l'accès à un médecin généraliste est très inégal en fonction de la catégorie sociale on appartient, de son patrimoine financier, ou de son lieu de résidence. Aussi, il ne me semblerait pas inopportun que nos politiques s'emparent de ce sujet qui nous intéresse bien davantage que la couleur du pantalon du voisin. Pourtant, en avez vous entendu parler dans la bouche de nos dominants ? Normal, ils ne sont guère concernés... 

Pour ma part, j'ai utilisé l'outil que nous propose cet article de France Info, et j'ai eu la surprise d'apprendre que j'habitais dans une zone qui faisait partie des 18 % les mieux dotées en médecins généralistes. Je ne sais pas qui faisait partie de leur échantillon, mais je peux vous dire de source sûre que ce verdict ne correspond pas à la réalité, à mon avis comme de celui de mon entourage. Je viens de déménager il y a quelques mois d'un département voisin, où je résidais dans une grande ville où il était déjà bien difficile de trouver un nouveau médecin. J'ai réussi en me démenant comme un beau diable à le trouver, non sans effort, mais il fallait voir l'énergumène. Tout d'abord, j'ai eu la surprise d'apprendre de sa bouche qu'il ne pratiquait pas le tiers payant et qu'il exigeait d'être payé en liquide. Je vous laisse imaginer pourquoi. Ensuite, les clients passait à un rythme tellement stakhanoviste qu'on n'avait même pas le temps d'être sorti qu'un autre vous remplaçait, et cela toutes les 10 minutes maxi, chronomètre en main. Inutile de vous préciser que le professionnel de santé semblait donc visiblement davantage motivé par l'appât du gain que par le serment d’Hippocrate. Et donc, quand je suis arrivé dans cette nouvelle ville que je ne connaissais pas, pour suivre ma compagne en mutation professionnelle (elle est cadre territoriale), comme j'ai connu des problèmes de santé spécifiques, la recherche d'un nouveau médecin s'est posée de façon criante. Et là, ce fût le parcours du combattant pour en trouver un autre, même dans l'urgence. Doctolib m'a envoyé la première fois chez un médecin à 20 kms de là, alors que j'étais en souffrance et que le trajet me coûtait beaucoup, en rase campagne. Une femme médecin qu'il n'était pas toujours très commode de comprendre,  et qui s'est excusée du retard pris à me recevoir car elle était débordée en raison du fait que son associé s'était vu retirer son droit d'exercer suite à une décision administrative basée essentiellement sur son origine étrangère non régularisée... Elle devait donc absorber sa patientèle, ceci expliquant cela. Bref, je ne suis pas là pour raconter ma vie, mais simplement pour vous illustrer par un cas concret que quelque chose ne fonctionne vraiment pas dans le paysage médical français. Et comble de l'absurde, alors qu'il y a dans ma ville des médecins à tous les coins de rue, ceux-ci refusent systématiquement tous les niveaux clients, et je me retrouve à présent avec un médecin traitant qui exerce quant à lui à 15 kms de mon domicile dans un bled complètement paumé... Les déserts médicaux ne sont pas toujours là où on l'on croit ! Ce système est absurde. Pourquoi n’y-t-il pas une régulation plus juste des médecins afin de couvrir plus équitablement l'ensemble du territoire, plutôt que de laisser s'installer chacun.e où il veut, en laissant des zones entières dépourvues de ce service médical de première nécessité ? 

 Selon le Ministère de la Santé lui-même, " Ce phénomène est notamment dû au niveau insuffisant du numerus clausus – c’est-à-dire le nombre d’étudiants en médecine accédant à la 2ème année – pendant les années 1990." Dans ce cas, va-t-il être augmenté ? Que nenni. On nous propose simplement davantage de créativité dans les solutions locales proposées (comme par exemple la généralisation des maisons de santé pluri-professionnelles (MSP),  ainsi qu'un recours accru aux téléconsultations. Cela n'est pas à la hauteur, dans une profession où le contact humain est si primordial et, on le sait bien, la pratique professionnelle comme la personnalité du médecin est si essentielle qu'elle constitue en soi un facteur de guérison lié en partie à la qualité de la relation patient/médecin. Et je doute fortement qu'une visio-consultation apporte des réponses sur ce point. Ce n'est à mon sens qu'un pis-aller qui dissimule bien mal une forme d'impuissance politique, qui m'apparait responsable, et coupable. A refuser de mécontenter l'ordre des médecins et ses intérêts corporatistes, on assumerait donc de mécontenter une partie grandissante de la population, en la laissant à son triste sort, seulement parce qu'elle est moins influente et ne dispose quant à elle pas de lobbies auprès de nos politiques ? Cela n'est pas acceptable.

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