J'attendais avec impatience non pas ce mini remaniement, non pas en raison du battage médiatique sur le sujet, mais surtout parce que le sujet me tient à coeur pour de nombreuses raisons. La question du (mal) logement m'a toujours passionné, au point que j'ai autrefois suivi une formation avec le DAL en Auvergne il y a une quinzaine d'années. Ensuite, le non logement m'a touché de plein fouet à une époque de grande pauvreté que j'ai depuis réussi à dépasser, et je n'en suis pas peu fier. Seuls mes proches connaissent les épreuves qu'il m'a fallu traverser pour parvenir jusqu'à ma situation actuelle qui sans être dorée, m'assure un minimum de confort et de stabilité, à la fois matérielle et, encore plus important à mes yeux, affective.
Aussi, lorsque j'ai appris qui avait été nommé au bout de si longtemps (trop longtemps pour qu'on n'y voie pas une totale indifférence de ce gouvernement à cette préoccupation qui pourtant devrait être politiquement majeure), même pas à un ministère de plein exercice, un sentiment de colère et de révolte m'a aussitôt envahi.
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source (28ème rapport de la Fondation Abbé Pierre)
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Pourtant, ils ont osé... 😡
On ne peut pas dire que le type en question s'embarrasse de principes et d'éthique. Nous sommes là aux antipodes des préoccupations humanistes. Si la pauvrophobie (1) a un nom et un visage, c'est bien celui du nouveau ministre délégué au logement.
D'ailleurs, on ne peut pas s'y tromper. Toute la France associative directement concernée par le sujet, du DAL à la fondation Abbé Pierre (qui dénonce
"un signal désastreux") En passant par la
CNL et le mouvement
Utopia se sont aussitôt dressés contre sa nomination, pour de très bonnes raisons. Le Maire de Grenoble,
Eric Piolle, a parlé
de Guillaume Kasbarian comme du " nouveau ministre en charge de la spéculation immobilière et de la répression des locataires, et je ne peux que tristement lui donner raison après avoir pris connaissance de son parcours nourri d'idéologie libérale prédatrice, plus soucieux de la sauvegarde des intérêts des riches que de ceux des plus humbles.
Il a choisi son camp, et moi le mien. C'est clairement un ennemi politique à combattre. Car l'idéologie de ce Monsieur - un titre qu'on devrait à mon sens davantage mériter - gagnerait dans les faits, dans les actes et dans l'action politique à ne pas être connue. Car il ne s'agit pas que de mots et d'idées que l'on brasse, articulées autour d'un terme qui porte bien mal son nom - libéralisme (qui n'est comme chacun sait selon la formule consacrée que la liberté pour les renards d'entrer dans les poulaillers pour égorger librement toutes les poules). Les actions de ce Monsieur parlent pour lui :
- c'est lui qui est à l'origine de
la loi dite "anti-squatteurs" qui est davantage une loi anti-pauvres qui criminalise l'action des Sans Domicile.
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Il s'est également "battu pour que des Français qui ne peuvent pas payer leur loyer fassent des peines de prison." selon Pascal Brice, Président de la fédération des acteurs de la solidarité, pour qui la nomination du nouveau ministre du logement est "une véritable provocation".
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l’élu s’était par ailleurs opposé à la proposition défendue par
l’écologiste Julien Bayou de repeindre les toits en blanc pour faire
baisser les températures des logements pendant les périodes
caniculaires, de plus en plus fréquentes, en réfléchissant une partie
des rayons du soleil.(source)
Et qu'on ne me retourne pas l'argument tellement attendu selon lequel il faudrait faire table rase du passé, et juger ce ministre à ses actes. Ceux-ci ne pourront qu'être conformes à la feuille de route de Macron et Attal, qui va s'attaquer frontalement à la loi SRU en permettant aux ménages plus favorisés que ceux qui sont prioritairement destinataires des logements HLM d'y accéder. Et dans le même temps, avec le cynisme qui est le leur depuis le premier mandat, sans créer de nouveaux logements pour les plus précaires, aux revenus les plus modestes, dans une proportion suffisante en rapport avec l'ampleur de la crise du logement actuelle. Par ailleurs, s'entendre confirmer que l'on va redonner davantage de pouvoir aux élus locaux sur le sujet, en détricotant cette loi SRU, voilà qui est profondément scandaleux, et si lamentablement oublieux des erreurs du passé. Car lorsque cela était le cas, et je suis d'un âge qui me permet fort bien de m'en souvenir, les affaires de pots de vins, de corruption, de favoritisme et de
clientélisme qui permettaient aux maires d'alors de permettre aux affidés de leur réseau personnel de bénéficier de
passe-droits, ce que j'ai vécu de très près dans ma jeunesse, cela n'a pas franchement favorisé la transparence des règles d'attribution de logements sociaux et souvent constitué de véritables
scandales locaux qui ont fait la Une de bien des journaux d'alors.
Quelle insupportable régression...
(1) Concept créé suite à l'appel à propositions d' ATD Quart Monde (dont les bénévoles savent, eux, de quoi ils/elles parlent ;) ) en 2016
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