Le moins qu'on puisse écrire, c'est que la feuille de route étalée hier soir par Emmanuel Macron au 20H00 de la plupart des chaînes TV les plus mainstream était particulièrement réactionnaire, pour ne pas dire extrêmement droitière. Un grand nombre d'éléments de langage et de totems d'extrême droite ont en effet été brandis par le Président, à ma grande indignation. Passons les en revue ensemble. Tout d'abord, certains slogans qu'il a tenu à marteler si cyniquement ont une histoire qui sent un peu fort...
Ces propos proviennent en effet de LR, en 2018, et figuraient sur un tract qui a scandalisé jusque dans les rangs du parti de droite dure :
C'est un petit bout de papier qui déclenche une véritable guerre des clans. Les 9 et 10 juin, un tract tiré à 1,5 million d'exemplaires doit être distribué aux militants Les Républicains, à l'occasion d'une vaste opération de mobilisation intitulée « Le printemps des Républicains ». Le slogan choisi pour l'occasion ? « Pour que la France reste la France ». Une formulation qui rappelle à quelques cadres du parti de Laurent Wauquiez le langage du Front national.
« Il n'y a jamais eu autant d'immigrés, il n'y a jamais eu autant d'impôts, il n'y a jamais eu une telle pression communautariste… ». Dans une anaphore déclinée au dos du tract, le document dresse un bilan inquiétant ce qu'il estime être « la réalité de notre pays ». Reprenant des thèmes chers à Laurent Wauquiez, il propose des mesures chocs comme l'expulsion de 300 000 délinquants étrangers. (source)
Lorsque LR, en la personne de Wauquiez, les proférait, les macronistes en disaient pourtant pourtant beaucoup de mal... Voilà comment réagissait alors
Aurore Bergé, Ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations :
Il faut croire que les convictions ont basculé avec le temps vers une droite moins modérée... ;).
D'autres éléments de langage, sur un registre étonnamment militariste (dans un domaine qui devrait pourtant de par sa nature y échapper), sont carrément révoltants :
Les propositions avancées par Macron, toutes plus énormes les unes que les autres (en réalité de fausses solutions populistes qui ont une histoire pas franchement empreinte de modernité et destinées à caresser un certain électorat lepéniste dans le sens du poil), comme l'uniforme à l'école (
qui ne sert à rien sinon à faire plaisir aux réacs), l'apprentissage de la marseillaise dès la maternelle, ou la réduction du congé parental de trois ans à 6 mois, font frémir... Comment peut-on, pour ce qui concerne le congé parental, faire passer une régression aussi insupportable pour un progrès social ? Le fameux "en même temps", sûrement...
L'une des expressions employées par le Président a fait bondir un grand nombre de féministes de ce pays, à juste titre. Certaines ont beau jeu de rappeler que l'injonction à la fécondité n'est pas un concept qu'on puisse qualifier de gauchiste, ni même de modéré. Il a une histoire
peu reluisante lui aussi.... :
La solution de Viktor Orbán passe par le « réarmement démographique » de la Hongrie. Un thème brassé en France par le Rassemblement national et en Italie
par Matteo Salvini avec lequel, sur ce point, Orbán est en phase.
Lundi 11 février, lors de son discours sur l'état de la nation, le
Premier ministre hongrois a annoncé des « aides à la naissance » sans
précédent ! Un mouvement qu'il a amorcé depuis neuf ans...(source)
Plusieurs propos sont apparus comme particulièrement méprisants. Tout d'abord envers les jeunes qui ont légitimement protesté contre la
mort de Nahel, tué à bout portant par des policiers lors d'un contrôle routier. La crise de défiance envers la police qui s'en est suivie n'a jamais été ni comprise ni traitée dans le fonds...
... Le mépris encore, face aux millions de français qui peinent à joindre les deux bouts en période d'inflation galopante, pour qui un euro de franchise médicale, ce ne serait pas grand chose... :
Autre totem des nationalistes, la marseillaise :
Et je ne parle même pas de cette rengaine de vieux con qui consiste à limiter l'usage des réseaux sociaux par les jeunes. Une mesure totalement inapplicable à moins d'utiliser le même type de censure technologique que des pays aussi peu démocratiques que la Chine ou le Brésil...
Aussi, avec Patrick Cohen, je m'interroge :
"Est-ce qu’il fallait kidnapper l’ensemble du paysage audiovisuel pour cette soirée présidentielle en mode ORTF ? s'interroge le journaliste Patrick Cohen qui décrit une mise en scène "monarchique, jupitérienne avec un chef suprême et omniscient". (source)
Nb. Je suis frappé par les similitudes de plus en plus flagrantes entre le trumpisme et le macronisme. Un exemple :
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