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Tordre le cou au #wokisme


 AVERTISSEMENT : J'ai volontairement utilisé ce titre ambigu pour servir d'appeau à trolls d'extrême-droite et autres réactionnaires de tous poils,  si friands de ce terme si commode pour leur petit confort d'inculture générale.  Si ce qui suit pouvait les faire (un peu) réfléchir... 😉


 Soyons clair : ce à quoi je veux tordre le cou ici,  c'est à un faux concept, vide de sens et de substance, totalement flou et sans la moindre rigueur scientifique, qui ne sert qu'à décrédibiliser ceux et celles qu'il vise : les militants des droits humains, quelle que soit la justesse et la justice de leur combat, souvent noble et désintéressé. Le genre de combats qui ne rapportent généralement que beaucoup d'ennuis, de critiques, voire d'insultes, de menaces, voire d'agressions, bien davantage que de remerciements ou d'autres compensations de quelque nature que ce soit. Johan Faerber décrit fort bien ici et le développe dans un bouquin que je vais m'empresser de me procurer,  à quel point aujourd'hui, pour certains, militer, c'est mal, et dépassé. 

" Le mot "militant" est venu là comme un outil de déconsidération,  un outil de rabaissement et un outil de dénigrement". Militer est devenu un verbe sale" (Johan Faerber)

J'en sais quelque chose pour avoir été plusieurs fois licencié en raison de mon attitude naturellement militante (1), qui ne laisse pas passer les saloperies indiscutables, comme le racisme, le sexisme, les LGBT phobies, la grossophobie, la pauvrophobie, bref toutes les discriminations qui me sont intolérables et que je me refuse de tolérer, quel qu'en soit l'auteur et sa place dans la société, ce dont je me fiche éperdument. Et en cela, je suis anarchiste. Le fait de défendre bec et ongle par ailleurs non pas mes mais nos conditions de travail et d'existence en est un autre versant que je détaillerai ailleurs.

Pour en revenir à ce mot, woke, et à une soi-disant théorie unitaire qui en découlerait selon ses utilisateurs au front plutôt bas, je ne vais pas disserter cent sept ans pour claironner haut et fort que c'est du pur bullshit, de la merde, un terme qui ne dit rien si ce n'est de son auteur, qui sert précisément à le placer à sa juste place sur l'échiquier politique : la fachosphère, très précisément. Car ces termes ne servent qu'à disqualifier toutes celles et ceux qui refusent de se plier à une atmosphère d'essence pré-fasciste, et luttent contre toutes les discriminations. Voilà d'ailleurs comment en parle wikipédia : 

Le terme anglo-américain woke (« éveillé ») désigne initialement le fait d'être conscient des problèmes liés à la justice sociale et à l'égalité raciale (en). En raison de son adoption croissante au-delà de ses origines afro-américaines, le terme est devenu un fourre-tout utilisé pour désigner et généralement critiquer des militantismes souvent centrés sur la défense des droits de groupes minoritaires et s'appuyant sur les idées de courants universitaires comme la critical race theory (« théorie critique de la race ») qui visent à promouvoir la justice sociale. Celles-ci incluent le mouvement Black Lives Matter et des formes connexes d'antiracisme, ainsi que des campagnes sur les questions relatives à la condition féminine (comme le mouvement #MeToo) et aux droits LGBT.

Je ne vois donc pas pourquoi les cibles des fascistes et des réactionnaires que ces termes désignent devraient avoir honte de ce qu'ils/elles font et pensent.  Notre combat est noble, et c'est leur guerre idéologique méprisable qui est à condamner. Nous sommes assurément le miroir de leurs propres turpitudes, de leurs actes répréhensibles qu'ils voudraient donc briser, pour avoir la vie plus facile. Qu'ils ne comptent pas sur nous pour baisser la garde et nous coucher.   Leur inversion des valeurs devient une rhétorique un peu trop facile qui sert à nier la nécessité de toute éthique et de toute morale d'aucune sorte, afin de mieux assoir leur domination sur les groupes plus ou moins minoritaires mais néanmoins tout à fait respectables dont ils refusent les combats pour leur simple existence, et pour l'égalité réelle. Car c'est bien de cela dont il s'agit, et il est hors de question que nous ayons à en rougir. 

 Selon July Robert, en Europe et dans le monde francophone, le terme est devenu un mot-valise utilisé pour disqualifier nombre de prises de parole, surtout en sciences humaines et sociales et en particulier dans les études sur le genre et le racisme. Ces champs d’études se voient reprochés leur démarche idéologique, leur radicalisme et leur manque de rigueur. L’intersectionnalité et les études de genre, qui sont au coeur du wokisme sont devenus des concepts à combattre8.

Le terme « woke » a fait l'objet de mèmes, de détournements parodiques et de critiques de la part de ceux qui lui reprochent d'être une idéologie moralisatrice, sectaire et manichéenne pouvant porter atteinte à la liberté d'expression.

Selon le rédacteur en chef adjoint du Journal du dimanche, Vivien Vergnaud, remarquant que cette expression a été beaucoup moquée et que peu de gens s'en revendiquent9, l'expression « wokisme » ressemble à l'expression politique « gauchisme ». Elle est plutôt utilisée pour dénigrer et disqualifier des adversaires politiques en regroupant plusieurs mouvements de pensée souvent assimilés à la gauche10,11,12,13,14,15,16. (source)

Je vais clore très provisoirement le débat que j'aimerais lancer sur ce terme disqualifiant à peu de frais qu'est le mot woke, en citant cette petite anecdote qui démontrera à mon sens fort bien la duplicité des gens qui l'utilisent, et qui donc ne sert vraiment qu'à nous disqualifier quel qu'en soit le prix. Et au diable la vérité !

Gilles Kepel, un politologue français, qui se pose en spécialiste du monde arabe contemporain et de l'islamisme radical, est une personnalité très médiatisée, qui s'est surtout rendu célèbre pour avoir une fâcheuse tendance à vouloir tout islamiser, en se posant en grand contempteur des "islamo-gauchistes"... Encore un mot du même camp pour disqualifier à peu de frais l'adversaire politique. Bref. Tout est dit de son degré de gauchitude. Et donc, cet illustre "intellectuel" (chez moi, le mot est plus noble et s'embarrasse de préoccupations avec la vérité et la réalité) s'est plaint dans différents médias réactionnaires (CNews, Europe1, le JDD...) d'avoir été licencié à cause des méchants "woke" que nous sommes... 

source

Sauf que, il y a comme un défaut, là 👇

source

 Si cela n'est pas assez édifiant pour vous, pour moi cela veut dire beaucoup. Et je n'en ai pas fini de tordre le coup aux détracteurs de ce soi-disant wokisme, mot valise et fourre-tout utilisé à tout bout de champ pour dissimuler des traces de brun sur leur slip (et pas que). Nous n'en avons pas fini avec votre hypocrisie.


(1) L'un de mes directeurs, alors que j'étais responsable de services dans un établissement médico-social, m'avait d'ailleurs balancé comme une insulte pleine de mépris le fait que j'étais trop "militant". Comme si cela était infamant dans une structure qui se trouvait justement à vocation sociale, qui nécessite précisément des convictions. Bref, un imbécile.


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