J'ai redouté, un peu, d'écrire ce billet de blog, je l'avoue. Je ne suis pas historien ni même simple spécialiste de cette question. Toutefois, tant mes convictions personnelles que mon origine familiale m'y obligent. Je suis en effet descendant d'une mère issue d'une famille de "pieds noirs". Mais sans vouloir paraître m'excuser, elle n'avait rien de ces riches propriétaires terriens. Il s'agissait d'une famille de simples ouvriers agricoles, obligés de revenir en fRance au moment de l'indépendance algérienne. On ne peut pas dire que ce fût l'opulence, loin de là. Mais la plupart des descendants de cette famille, du côté de ma grand mère maternelle, nourrissent une rancœur jamais questionnée envers ceux qui acceptent quant à eux le destin des peuples à disposer de leur terre... Ce type de personnes constitue, notamment dans le sud de la fRance, des bataillons entiers d'électeurs d'extrême-droite, ces nostalgiques de l'Algérie française dont je ne suis pas. Je me suis ainsi autrefois exposé à leurs regards de haine pour avoir osé diffuser sur la chaine hifi de la salle des fêtes de Toussieu un cassette audio de Cheb Khaled, dont l'un de mes cousins a méthodiquement déroulé à l'aide d'un stylo toute la bande magnétique, devenue inutilisable. Geste de haine gratuite que je n'ai jamais digéré. Je ne les ai jamais revus depuis, et ces gens là ne me manquent aucunement.
Je comprends donc très bien, de mon point de vue partisan, le fondement de cette loi algérienne, contrairement à ce gouvernement que je méprise au plus haut point et pour lequel je n'ai jamais voté, ni aucune majorité politique d'ailleurs.
Tous les historiens peuvent le confirmer, dont ceux que je fréquentent assidûment parce qu'ils ont dédié leur travail à ce sujet (1), l'histoire de la colonisation française a été jonchée de crimes de masses, de massacres immondes, de pratiques ignobles qu'on réserve d'ordinaire aux insectes, et de scènes de torture fréquentes pour instaurer la terreur et réprimer tout mouvement de contestation aussi fondé soit-il. Cette politique de la terreur a conduit à cet épisode insupportable (j'en ai pleuré en l'apprenant) qui n'a rien à envier aux pratiques des nazis :
[...] Mais les charniers posaient problème, il fallait faire disparaître
les cadavres. Il fallait les déterrer des charniers trop proches de
Guelma (Kef El Bouma, cimetière El Rihane, carrière Ain Defla), les
transporter et les brûler dans les fours à chaux de la ferme de Marcel Lavie[42]. Ainsi, le long des routes les travailleurs municipaux furent alors mobilisés pour des « travaux de réfection ». Les 17 camions étaient chargés avec l'aide de la gendarmerie.
Yves Chataigneau, gouverneur général de l'Algérie (1944-1948) au moment des évènements.
C’est ainsi que le four crématoire Lavie (le four, de forme ovoïde, mesurait environ 7 m de long et 3 m de haut) est devenu à jamais tristement célèbre. Pendant 10 jours
on brûlait les corps. L'odeur à la ronde était insupportable. Saci
Benhamla, qui habitait à quelques centaines de mètres du four à chaux
d'Héliopolis, décrit l'insupportable odeur de chair brûlée et
l'incessant va-et-vient des camions venant décharger les cadavres, qui
brûlaient ensuite en dégageant une fumée bleuâtre[41], jusqu'à l'arrivée du ministre de l'Intérieur, le , qui marqua la fin des massacres à Guelma[13].(source)
Aussi me suis je toujours élevé contre cette antienne de droite jusqu'à son extrême qui évoque "les bienfaits de la colonisation". Rien que ce terme me révulse, me prend aux tripes. C'est insupportable de cynisme ou/et de méconnaissance de l'histoire de la colonisation violente de ce pays, sous la férule d'autorités politiques et militaires sans la moindre éthique d'aucune sorte. Ce n'est pas un hasard si cette histoire honteuse a longtemps été taboue en fRance. Difficile d'admettre en effet que l'on s'est comporté comme ceux que l'on a prétendu combattre, sur le registre d'un roman national idéalisé.
C'est pourquoi je comprends tout à fait les raisons qui ont poussé les autorités de ce pays, quoi que j'en pense par ailleurs (ce n'est en effet pas du tout un pays démocratique, loin de là) a promulguer cette loi, afin de faire reconnaitre officiellement ce qui a été, c'est un fait établi.
Et je suppose d'ailleurs qu'après le geste purement symbolique (je doute en effet de sa sincérité...) de Macron, la trace de l'immonde Retailleau est passée par là, lui qui a tout fait pour raviver la guerre entre les deux pays.
Il a réussi. On en est là. Et ce n'est franchement pas beau à voir. Le spectacle est désolant de bêtise crasse et d'incapacité à assumer ce qui doit l'être. C'est une question de responsabilité historique.
(1) je veux parler de Fabrice Riceputi et Alain Ruscio, que j'ai eu la chance d'aller écouter à Toul, à l'occasion d'un mouvement de protestation contre l'érection d'une statue au Général Bigeard, ce tortionnaire ignoble. J'y ai consacré un article ici.
La clique du Printemps Républicain a encore frappé. Elle a cru bon de s'en prendre à Wikipédia, encyclopédie collaborative à laquelle je suis personnellement très attaché. Les (premiers, vraiment ?) signataires de ce texte sont consignés ici : Premiers signataires (par ordre alphabétique) : Bernard Accoyer (ancien président de l'Assemblée nationale), Éric Anceau (professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lorraine), Sophia Aram (humoriste), Thierry Ardisson (producteur de télévision), Muriel Attal (directrice de la communication chez France Télévisions), Olivier Babeau (président de l'Institut Sapiens), Élisabeth Badinter (philosophe, essayiste), Tristane Banon (romancière), Eugénie Bastié (journaliste du Figaro ), Pierre Bentata (essayiste, professeur d'économie), Muriel Beyer (éditrice), Jean-Michel Blanquer (président du Laboratoire de la République, ancien ministre de l'Éducation), Nicolas Bouzou (économiste, éditoria...
Dans n'importe quelle démocratie, un ministre, fut-il chef de gouvernement, aurait sauté pour moins que ça. Pourtant, le silence des médias et de la classe politique sur le sujet est absolument ahurissant. source Il est à présent établi que l'actuel premier ministre, François Bayrou, ne pouvait pas ignorer cette affaire d' agressions sexuelles sur mineurs au sein du pensionnat catholique Notre-Dame de Bétharram (rebaptisé pour tenter d'échapper au scandale "Le Beau rameau") situé près de Lourdes. En effet, il est encore maire de Pau, et il a exercé les mandats de député des Pyrénées-Atlantiques, de président du Conseil général, et de ministre de l'Éducation nationale. De plus, ces deux enfants sont scolarisés dans cet établissement, et son épouse y a enseigné le catéchisme. source Celui qui était alors ministre s’est en effet rendu sur les lieux, et cet article confirme qu’il était au courant de l’une des plaintes déposée par une victime : ...
Quand je suis tombé sur cette publication de Nils Wilcke sur Blue Sky (hé oui, twitter, c'est définitivement fini ) j'ai voulu en savoir un peu plus que ce que permet 300 caractères, et je n'ai pas été déçu : source Difficile après cela de croire au grand courage et à leur détermination à participer aux grandes causes humanistes de nos vedettes préférées. Je sais, ça décile. Apprendre que des féministes d'opérette (qui viennent qui plus est de signer une tribune prétendant défendre un féminisme moins radical, dit "universaliste", dans laquelle on s'étonne de trouver certains noms) , répugnent à répondre à visage découvert à une commission d'enquête parlementaire , voilà qui ne m'étonne guère. Il ne faudrait pas se faire trop d'ennemis chez les financeurs du spectacle vivant. Surtout quand cela vient de cette mythomane sans la moindre once de crédibilité (si ce n'est pour les médias main stream qui ne font pas leur boulot de fond) qu...
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