Il existe des tests plus ou moins crédibles et efficaces pour tenter de se situer politiquement. J'en ai expérimenté un certain nombre, comme celui ci-dessus. En général, ils me classent tantôt parmi les communistes, tantôt chez EELV, tantôt à La France Insoumise. Logique, je suis à la croisée exacte de ces trois orientations politiques, à mi-chemin entre les Rouges, les Verts, et.... les Noirs. Car je me revendique volontiers anarchiste, il n'y a vraiment pas de honte à cela, n'en déplaise aux imbéciles qui tentent de nous réduire à des poseurs de bombes du début des années 1900. Les personnes peu cultivées politiquement ignorent à quel point ma famille politique a été aux avant-postes de la plupart des avancées sociales et sociétales, par les débats d'idées qu'ils ont su attiser, soutenir, et auxquels ils ont participé activement, parfois au péril de leur vie. Je ne saurais trop vous recommander le documentaire de Tancrède Ramonet sur le sujet, qui met à mal la vision archaïque et caricaturale qu'en ont le plus souvent les individus lambda. Il oppose une vision historique bien plus sociale réaliste que celle de nos principaux détracteurs, souvent plus que grossiers à dessein, tentent d'assoir dans l'opinion du grand public. En tous cas, cette orientation politique là est rarement décelée par les tests politiques les plus sommaires, et donc sans intérêt.
Depuis aussi longtemps que je me souvienne, et que j'ai l'âge d'élaborer une pensée politique, j'ai toujours eu des préoccupations aussi sociales qu'économiques alternatives et environnementales, à un échelon international. Le tout m'apparait indiscutablement inter-dépendant, étroitement imbriqué, à l'image de ce " battement de l'aile d'un papillon au pays du Matin calme provoquant un ouragan à l'autre bout du monde " . (sur l'effet papillon).
Aussi, j'ai toujours eu beaucoup de mal à me laisser enfermer dans la nasse de quelque parti politique que ce soit. Mon sens critique très développé, allié à mon entièreté qui me laissent difficilement laisser passer un trop grand écart entre le discours et les actes, m'ont toujours à la fois mis dans des situations assez embarrassantes en termes d'engagement politique mais également permis de me sortir également des nasses de ces pêcheurs prédateurs que sont les têtes pensantes de ces partis, mouvements et groupuscules. Comme je le dis souvent, et je l'ai démontré par mon existence même, je suis un anarchiste tellement individualiste (dans le sens d'une pensée très personnelle, et non d'un tropisme égotiste, je suis plutôt solidaire et solidariste, doté d'un fort sens de l'intérêt collectif) que même les anarchistes ne veulent pas de moi. Dans mon cheminement politique, je suis d'abord passé par le non engagement politique mais plutôt associatif, sciemment, me méfiant des idéologies qui traduites en actes ne donnaient que des résultats bien peu probants, voire carrément désastreux. Puis j'ai tenté de m'engager en voyant que les limites de l'action associative butaient contre les règles et la législation auxquelles se soumettaient l'action publique, et qu'il convenait donc de les changer si l'on voulait transformer le monde. Le communisme me tentait bien, mais je le trouvais trop dogmatique et autoritariste dans sa version orthodoxe. J'ai donc migré vers un mouvement aujourd'hui disparu, l' AREV (Alternative Rouge et Verte). Mais celui-ci s'est éteint assez vite, malgré qu'il corresponde mieux à mes aspirations d'alors. J'ai connu une période de déshérence politique pour atterrir bien des années plus tard du côté du Parti de Gauche, au moment où Mélenchon a quitté le PS pour le fonder, un parti qui m'a très vite déçu en raison de son fonctionnement interne bien peu démocratique. Je fus d'ailleurs de ceux qui l'ont créé en Meurthe et Moselle, avant de m'en détacher assez vite, écœuré par certains compromissions internes et manœuvres dégueulasses qui m'ont bien vacciné depuis contre les désillusions militantes. J'ai cru un temps assez superficiellement en réalité à cette question de 6ème république... avant de basculer radicalement dans l'engagement antifasciste. Celui-ci m'est apparu totalement incompatible avec l'appartenance à un mouvement ou parti politique pyramidal, hiérarchisé, autoritaire, et qui souffrirait de compromissions, quelles qu'elles soient, avec l'ennemi fasciste, le racisme, l'antisémitisme, les LGBTQI phobies, et toutes discriminations sexistes ou physiques (comme la grossophobie). Le terme étant à la mode, oui, un vrai "Woke", les fafs ;)
Pendant ces 10 dernières années, j'étais dans cet esprit là... Et puis j'ai rompu avec l'engagement radical, antifasciste (bien que j'en conserve encore au fond de moi les préoccupations), j'ai connu l'amour, retrouvé une vie professionnelle stable, connu les joies et les moins grandes d'une vie commune, réussi à accéder à un bal appartement, aux vacances et autres escapades amoureuses... Bref, je me suis embourgeoisé. Mais je sais d'où je viens, et vers où je ne veux pas aller. Tous ceux qui me connaissent savent à quel point je suis resté fidèle à mes convictions fondamentales, malgré mon âge avancé (bientôt 60 ! :), qui forcent le respect et m'attirent de profondes et constantes amitiés.
Mais la fréquentation quotidienne, les interrogations, les questionnements, les indignations, les incompréhensions d'une certaine personne que j'aime profondément et partage ma vie m'ont très probablement fait évoluer vers un chemin que je n'aurais pas forcément prévu il y a quelques mois encore. Je me suis policé, rangé, calmé, nuancé, complexifié, moins frontalisé, plus volontiers adouci, attendri... Amoureux quoi. Un processus normal, à défaut d'être normalisé. Et donc soudain, lorsque ma chérie m'a fait savoir qu'elle allait s'inscrire sur les listes électorales, je l'ai suivie... et même devancé. Car ça y est : j'en suis :
Je crois que j'ai pris cette décision apparemment spontanée non seulement sous l'effet magique de l'amour, mais également parce qu'il me semble que mon ancien positionnement ne m'est pas apparu très efficace pour contrer l'ennemi majeur qu'est pour moi l'extrême-droite et les idées discriminantes, racistes, xénophobes, et LGTBQI phobes. Certes l'action de rue, l'action militante est importante, et je ne les méprise pas, bien au contraire, et ne les oppose pas. Mais battre l'ennemi dans les urnes m'est soudain devenu également nécessaire, à l'heure où les idées et les éléments de langage de l'extrême droite se sont répandus de manière hallucinante dans le paysage médiatique et politique français, au point qu'ils ne soient même plus cantonnés dans leur vivarium habituel : la fachosphère et ses variantes, à partir de leur navire amiral qu'est le RN, que je conchie allègrement. Et à l'heure où celui-ci est donné vainqueur à plate couture par tous les sondages, et que leur victoire annoncée est dans toutes les bouches, je n'ai trouvé que ce moyen là pour les faire mentir : VOTER.
Je sais, l'espoir est mince, et je serai sans doute démenti par la suite de l'histoire. Mais je me devais personnellement cet élan là pour rester moi-même, et ne pas en rougir. D'autant plus que j'ai lu quelque part que les anarchistes dont je me revendiquent n'ont jamais dédaigné retourner aux urnes lorsque le danger était imminent. Et je pense sincèrement qu'il l'est.
Reste à savoir pour quel parti, quels candidats je vais voter... Et ce n'est pas une mince affaire. Je vais donc m'y atteler dans les mois qui viennent, et étudier les programmes des partis progressistes. Les autres, je les laisse aux bas de plafond qui courent après les idées simplistes, et bien vomitives. Moi, j'ai définitivement choisi mon camp.
Commentaires
Enregistrer un commentaire